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Bedos
Ça faisait un bail qu’on le connaissait. A force de le voir et l’entendre, il s’était un peu fondu dans le PAF, et la mémoire, parmi les caustiques au-dessus de la moyenne. Hormis cet éclat jouissif comme cette fois où il avait taxé Morano de « conne », de « salope », et de « connasse », il s’était un peu fait oublier. «Je préfère arrêter avant de me retrouver un jour dans l’obligation d’arrêter» disait-il en 2013, lors de sa tournée d’adieu. De ces humoristes féroces disparus trop tôt, des années de jeunesse, Coluche était mon préféré; à sa mort Bedos avait comblé le vide. Après la disparition des Le Luron, Desproges, ou Reiser, on riait déjà moins. Mais après lui, qui ? Qui pour se marrer ? Plus grand-monde à vrai dire – pour le moment. C’est à leur disparition qu’on se rend compte subitement que certains vous manquent, d’un coup. La mort est quand même une vraie salope…
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Bertrand Russell
Étant encore oisif en attendant la date de reprise de mon travail en juin, je parcours les rues, flâne, ne fait rien, mange, fait la sieste, et photographie. Le seul vrai luxe, au fond, c’est ça. C’est disposer de son temps (en ayant toutefois de quoi béqueter, bien sûr). Au moment de reprendre cette photo sur mon logiciel, je mets la radio. Qu’entends-je ? un sujet sur l’oisiveté. Bertrand Russell, sur France inter.
Extrait : « Autrefois, il existait une classe oisive assez restreinte et une classe laborieuse plus considérable. La classe oisive bénéficiait d’avantages qui ne trouvaient aucun fondement dans la justice sociale, ce qui la rendait nécessairement despotique, limitait sa compassion, et l’amenait à inventer des théories qui pussent justifier ses privilèges. Ces caractéristiques flétrissaient quelque peu ses lauriers, mais, malgré ce handicap, c’est à elle que nous devons la quasi totalité de ce que nous appelons la civilisation. Elle a cultivé les arts et découvert les sciences ; elle a écrit les livres, inventé les philosophies et affiné les rapports sociaux. Même la libération des opprimés a généralement reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanité ne serait jamais sortie de la barbarie. (…) Il y aura assez de travail à accomplir pour rendre le loisir délicieux, mais pas assez pour conduire à l’épuisement… Les hommes et les femmes ordinaires, ayant la possibilité de vivre une vie heureuse, deviendront plus enclins à la bienveillance qu’à la persécution et à la suspicion. Le goût pour la guerre disparaîtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharné. La bonté est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin, or la bonté est le produit de l’aisance et de la sécurité, non d’une vie de galérien. Les méthodes de production, modernes, nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres : en cela, nous nous sommes montrés bien bêtes, mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment. »
Lien : https://www.franceinter.fr/culture/philo-l-oisivete-pourrait-sauver-l-economie-mondiale-selon-le-philosophe-bertrand-russell
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17/05/2020
autrefois il y avait un bar ici, le Stop bar. Terminé hélas. Le Spicy Chicken fermé pour cause de covid-19 le remplace. Mais pour combien de temps ?
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dividendes et verroterie
« (…) En guise de réinvention, on a droit une énième fois à Sibeth Ndiaye, sorte de mètre étalon du mensonge décomplexé, annonçant qu’une médaille de l’engagement face à l’épidémie serait attribuée « à tous les Français qui auront été en première ligne ». Une médaille ? Une fucking médaille ? (…) C’est ça la réinvention, Président ? (…) Beaucoup d’entre nous ont été contaminés, tous ont souffert, certains sont morts. Je le répète, ce ne sont pas des héros, pas des martyrs. Ce serait trop commode pour vous. Les héros, on leur file une médaille, une prime, ils saluent et retournent à l’anonymat. »
Christian Lehmann, médecin et écrivain, « C’est ça, se réinventer ? » journal Libération, aujourd’hui.
(…) « Ils ont claironné leur générosité au début du confinement, la main sur le cœur. « Nous verserons une prime de mille euros à tous nos salariés héroïques grâce auxquels nous continueront à nous engraisser en restant protégés derrière nos écrans… » Deux mois plus tard, ils rivalisent d’ingéniosité pour tenir leur parole sans la tenir tout en la tenant… (…) Une réforme de la fiscalité serait un premier signe de la nécessaire réinvention du monde dont même notre Président a eu la révélation. »
Robert Guédiguian, cinéaste, « Les « héros » veulent des augmentations de salaire », sur la même page du même journal.
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9:26
Les heures de pointe sont établies entre 7:30 et 9:30, 16 heures et 19:30. Avant, après ou entre ces horaires, celles et ceux qui n’ont pas d’attestation dûment complétée justifiant l’accès aux transports en commun pour un motif impérieux, peuvent les emprunter. Nous attendons ici l’heure de pouvoir monter dans le RER. Plus que quatre minutes. Mettez un masque ! sinon c’est 135 euros.
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voyage 10/10
N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. Soit « une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui t’a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer d’illustrer le thème. Dernière image.
Le sud pour finir ! Impasse du sud, mais le sud tout de même. Là où aller, après la ville.
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voyage 9/10
N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. Soit « une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui t’a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer d’illustrer le thème. Avant dernière image.
La série voyage touche à sa fin, bref voyage, solo, à part soi, confiné et immobile. « L’immobilité, ça dérange le siècle. C’est un peu le sourire de la vitesse, et ça sourit pas lerche, la vitesse, en ces temps » chantait Léo Ferré. Le sourire s’efface, les affaires sérieuses reprennent. Ce jour, si on n’a pas la berlue, reprend le visage des jours d’avant : tout est de nouveau process, fluidité proactive et relevé de l’activité. Allez ! Go. C’est (re)parti… Les dizaines de milliers de vols quotidiens, Bali, Cuba, USA, sont attendus. Instagram doit déjà en frémir. « Le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant » disait-il. Il est encore trop tôt sûrement pour juger. Wait and see.
Il ne faut pas être fou pour photographier ce monde, ça aide, tout de même!
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voyage 8/10
N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. Soit « une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui t’a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer d’illustrer le thème. Huitième image.
Voyage sur place, pas loin, décarboné autant que possible : c’est mon credo… Il faut que je songe à réhabiliter le vélo pliant qui prend la poussière chez moi depuis deux ans. Téter le gaz des bagnoles, risquer de me faire renverser par l’une d’elles m’a dissuadé d’en faire ici en ville. Avec la fin du confinement et la prise de conscience (molle) qu’il faut y aller mollo au volant, on enfourchera peut-être plus son vélo. En ville l’idée semble progresser. Y aura-t-il moyen de circuler mieux, moins dangereusement ? Toute la difficulté reste de photographier le cul sur une selle. A la suite d’une gamelle premier choix, douloureuse, au cours de laquelle un compact Fuji en est ressorti cabossé, je n’essaie plus de shooter sur deux roues. « J’aime la bicyclette pour l’oubli qu’elle donne. J’ai beau marcher, je pense. A bicyclette je vais dans le vent, je ne pense plus, et rien n’est d’un aussi délicieux repos » écrivait Émile Zola.
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voyage 7/10
N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. Soit « une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui t’a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer d’illustrer le thème. Septième image.
Le voyage pourrait-il, devrait-il se penser, s’imaginer, s’incarner dans un non-retour à l’anormal, celui qui précédait Covid ?
C’est le sens de cette tribune publiée dans le Monde le 06 mai dernier. La liste et le nom des signataires a impressionné le photographe.
« Non à un retour à la normale » : de Robert De Niro à Juliette Binoche, l’appel de 200 artistes et scientifiques
La pandémie de Covid-19 est une tragédie. Cette crise, pourtant, a la vertu de nous inviter à faire face aux questions essentielles.
Le bilan est simple : les « ajustements » ne suffisent plus, le problème est systémique.
La catastrophe écologique en cours relève d’une « méta-crise » : l’extinction massive de la vie sur Terre ne fait plus de doute et tous les indicateurs annoncent une menace existentielle directe. A la différence d’une pandémie, aussi grave soit-elle, il s’agit d’un effondrement global dont les conséquences seront sans commune mesure.
Nous appelons donc solennellement les dirigeants et les citoyens à s’extraire de la logique intenable qui prévaut encore, pour travailler enfin à une refonte profonde des objectifs, des valeurs et des économies.
Point de rupture
Le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même : celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains. La pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels mènent le monde à un point de rupture.
Pour ces raisons, jointes aux inégalités sociales toujours croissantes, il nous semble inenvisageable de « revenir à la normale ».
La transformation radicale qui s’impose – à tous les niveaux – exige audace et courage. Elle n’aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé. A quand les actes ? C’est une question de survie, autant que de dignité et de cohérence.
Lynsey Addario, grand reporter ; Isabelle Adjani, actrice ; Roberto Alagna, chanteur lyrique ; Pedro Almodovar, réalisateur ; Santiago Amigorena, écrivain ; Angèle, chanteuse ; Adria Arjona, actrice ; Yann Arthus-Bertrand, photographe, réalisateur ; Ariane Ascaride, actrice ; Olivier Assayas, réalisateur ; Josiane Balasko, actrice ; Jeanne Balibar, actrice ; Bang Hai Ja, peintre ; Javier Bardem, acteur ; Aurélien Barrau, astrophysicien, membre honoraire de l’Institut universitaire de France ; Mikhail Baryshnikov, danseur, chorégraphe ; Nathalie Baye, actrice ; Emmanuelle Béart, actrice ; Jean Bellorini, metteur en scène ; Monica Bellucci, actrice ; Alain Benoit, physicien, Académie des sciences ; Charles Berling, acteur ; Juliette Binoche, actrice ; Benjamin Biolay, chanteur ; Dominique Blanc, actrice ; Cate Blanchett, actrice ; Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle ; Valérie Bonneton, actrice ; Aurélien Bory, metteur en scène ; Miguel Bosé, acteur, chanteur ; Stéphane Braunschweig, metteur en scène ; Stéphane Brizé, réalisateur ; Irina Brook, metteuse en scène ; Peter Brook, metteur en scène ; Valeria Bruni Tedeschi, actrice, réalisatrice ; Khatia Buniatishvili, pianiste ; Florence Burgat, philosophe, directrice de recherche à l’Inrae ; Guillaume Canet, acteur, réalisateur ; Anne Carson, poète, écrivaine, Académie des arts et sciences ; Michel Cassé, astrophysicien ; Aaron Ciechanover, Prix Nobel de chimie ; François Civil, acteur ; François Cluzet, acteur ; Isabel Coixet, réalisatrice ; Gregory Colbert, photographe, réalisateur ; Paolo Conte, chanteur ; Marion Cotillard, actrice ; Camille Cottin, actrice ; Penélope Cruz, actrice ; Alfonso Cuaron, réalisateur ; Willem Dafoe, acteur ; Béatrice Dalle, actrice ; Alain Damasio, écrivain ; Ricardo Darin, acteur ; Cécile de France, actrice ; Robert De Niro, acteur ; Annick de Souzenelle, écrivaine ; Johann Deisenhofer, biochimiste, Prix Nobel de chimie ; Kate del Castillo, actrice ; Miguel Delibes Castro, biologiste, Académie royale des sciences espagnole ; Emmanuel Demarcy-Mota, metteur en scène ; Claire Denis, réalisatrice ; Philippe Descola, anthropologue, médaille d’or du CNRS ; Virginie Despentes, écrivaine ; Alexandre Desplat, compositeur ; Arnaud Desplechin, réalisateur ; Natalie Dessay, chanteuse lyrique ; Cyril Dion, écrivain, réalisateur ; Hervé Dole, astrophysicien, membre honoraire de l’Institut universitaire de France ; Adam Driver, acteur ; Jacques Dubochet, Prix Nobel de chimie ; Diane Dufresne, chanteuse ; Thomas Dutronc, chanteur ; Lars Eidinger, acteur ; Olafur Eliasson, plasticien, sculpteur ; Marianne Faithfull, chanteuse ; Pierre Fayet, membre de l’Académie des sciences ; Abel Ferrara, réalisateur ; Albert Fert, Prix Nobel de physique ; Ralph Fiennes, acteur ; Edmond Fischer, biochimiste, Prix Nobel de médecine ; Jane Fonda, actrice ; Joachim Frank, Prix Nobel de chimie ; Manuel Garcia-Rulfo, acteur ; Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile ; Amos Gitaï, réalisateur ; Alejandro Gonzales Iñarritu, réalisateur ; Timothy Gowers, médaille Fields de mathématiques ; Eva Green, actrice ; Sylvie Guillem, danseuse étoile ; Ben Hardy, acteur ; Serge Haroche, Prix Nobel de physique ; Dudley R. Herschbach, Prix Nobel de chimie ; Roald Hoffmann, Prix Nobel de chimie ; Rob Hopkins, fondateur des villes en transition ; Nicolas Hulot, président d’honneur de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme ; Imany, chanteuse ; Jeremy Irons, acteur ; Agnès Jaoui, actrice, réalisatrice ; Jim Jarmusch, réalisateur ; Vaughan Jones, médaille Fields de mathématiques ; Spike Jonze, réalisateur ; Camélia Jordana, chanteuse ; Jean Jouzel, climatologue, prix Vetlesen ; Anish Kapoor, sculpteur, peintre ; Naomi Kawase, réalisatrice ; Sandrine Kiberlain, actrice ; Angélique Kidjo, chanteuse ; Naomi Klein, écrivaine ; Brian Kobilka, Prix Nobel de chimie ; Hirokazu Kore-eda, réalisateur ; Panos Koutras, réalisateur ; Antjie Krog, poétesse ; La Grande Sophie, chanteuse ; Ludovic Lagarde, metteur en scène ; Mélanie Laurent, actrice ; Bernard Lavilliers, chanteur ; Yvon Le Maho, écophysiologiste, membre de l’Académie des sciences ; Roland Lehoucq, astrophysicien ; Gilles Lellouche, acteur, réalisateur ; Christian Louboutin, créateur ; Roderick MacKinnon, Prix Nobel de chimie ; Madonna, chanteuse ; Macha Makeïeff, metteuse en scène ; Claude Makélélé, footballeur ; Ald Al Malik, rappeur ; Rooney Mara, actrice ; Ricky Martin, chanteur ; Carmen Maura, actrice ; Michel Mayor, Prix Nobel de physique ; Médine, rappeur ; Melody Gardot, chanteuse ; Arturo Menchaca Rocha, physicien, ex-président de l’Académie des sciences du Mexique ; Raoni Metuktire, chef indien de Raoni ; Julianne Moore, actrice ; Wajdi Mouawad, metteur en scène, auteur ; Gérard Mouroux, Prix Nobel de physique ; Nana Mouskouri, chanteuse ; Yael Naim, chanteuse ; Jean-Luc Nancy, philosophe ; Guillaume Néry, champion du monde d’apnée ; Pierre Niney, acteur ; Michaël Ondaatje, écrivain ; Thomas Ostermeier, metteur en scène ; Rithy Panh, réalisateur ; Vanessa Paradis, chanteuse, actrice ; James Peebles, Prix Nobel de physique ; Corine Pelluchon, philosophe ; Joaquin Phoenix, acteur ; Pomme, chanteuse ; Iggy Pop, chanteur ; Olivier Py, metteur en scène ; Radu Mihaileanu, réalisateur ; Susheela Raman, chanteuse ; Edgar Ramirez, acteur ; Charlotte Rampling, actrice ; Raphaël, chanteur ; Eric Reinhardt, écrivain ; Residente, chanteur ; Jean-Michel Ribes, metteur en scène ; Matthieu Ricard, moine bouddhiste ; Richard Roberts, Prix Nobel de médecine ; Isabella Rossellini, actrice ; Cecilia Roth, actrice ; Carlo Rovelli, physicien, membre honoraire de l’Institut universitaire de France ; Paolo Roversi, photographe ; Ludivine Sagnier, actrice ; Shaka Ponk (Sam et Frah), chanteurs ; Vandana Shiva, philosophe, écrivaine ; Abderrahmane Sissako, réalisateur ; Gustaf Skarsgard, acteur ; Sorrentino Paolo, réalisateur ; Sabrina Speich, océanographe, médaille Albert Defant ; Sting, chanteur ; James Fraser Stoddart, Prix Nobel de chimie ; Barbra Streisand, chanteuse, actrice, réalisatrice ; Malgorzata Szumowska, réalisatrice ; Béla Tarr, réalisateur ; Bertrand Tavernier, réalisateur ; Alexandre Tharaud, pianiste ; James Thierré, metteur en scène, danseur ; Mélanie Thierry, actrice ; Tran Anh Hung, réalisateur ; Jean-Louis Trintignant, acteur ; Karin Viard, actrice ; Rufus Wainwright, chanteur ; Lulu Wang, réalisatrice ; Paul Watson, navigateur, écrivain ; Wim Wenders, réalisateur ; Stanley Whittingham, Prix Nobel de chimie ; Sonia Wieder-Atherton, violoncelliste ; Frank Wilczek, Prix Nobel de physique ; Olivia Wilde, actrice ; Christophe Willem, chanteur ; Bob Wilson, metteur en scène ; Lambert Wilson, acteur ; David Wineland, Prix Nobel de physique ; Xuan Thuan Trinh, astrophysicien ; Muhammad Yunus, économiste, Prix Nobel de la paix ; Zazie, chanteuse.
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voyage 6/10
N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. Soit « une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui t’a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer d’illustrer le thème. Sixième image.
Pourquoi aller si loin ? Pourquoi courir au-delà des océans, quand au bout de la rue et sans même outrepasser (à pied) le kilomètre réglementaire de la période confinée, au détour d’un passage, vous voilà soudain nez à nez avec un couple de porcs noirs ? Espèce rustique s’il en est, qu’on suppose de Bigorre, on n’y connaît vraiment rien nous les citadins, si ce n’est la version Herta sous cellophane. On a toutefois mis un gros frein sur la « viande » (est-ce donc ainsi que l’on parlait du vivant ?) en raison du LDL vicieux pour la plomberie, des conditions d’élevage honteuses et autres émissions de gaz à effet de serre. Cette espèce paraît non seulement rustique, mais tout droit sortie d’un continent sauvage, hostile… Phacochères de région méridionale envahie par la dengue, le moustique tigre, le moloch hérissé et la fourmi légionnaire ? Voyage sur place, de nouveau… Si ce n’est qu’en marchant, en ville, sans cesse il faut faire attention aux voitures, qui envahissent tout l’espace urbain, le défigurent. Un essai paru chez Folio en 1998 m’est revenu en mémoire. « Le pétro-nomadisme est l’apprentissage le mieux adapté aux comportements de nos démocraties-marchés », écrivait le philosophe Gilles Châtelet (qui n’avait rien contre le cochon) dans Vivre et penser comme des porcs, De l’incitation à l’envie et à l’ennui dans les démocraties-marchés. « (…) l’adhésion au pétro-nomadisme doit être sans faille, tout comme la discipline exigée autrefois du bon soldat. Toute critique un peu acérée de l’homme moyen à roulettes [ou ailé, n.d.l.r.] est sacrilège et n’est qu’une bouffée délirante de tous ces intellectuels qui vivent mal le triomphe de l’individualisme de masse. » Je ne crois pas que cet essai ait hélas beaucoup vieilli à l’heure des croisières en Méditerranée, des SUV omniprésents et des SPA aux Seychelles ajournés. Suis rentré tranquillement, cette balade ayant suffit : je tiens ici ma photo, et mon (minuscule) voyage à pattes en période confinée.
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voyage 5/10
N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. « Une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui t’a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer de l’illustrer. Cinquième image.
Entre courses et confinement, le bout du voyage sur place approche petit à petit : le lundi 11 mai sera la levée (partielle) du confinement. Nouvelle réminiscence ce matin au passage de cette femme au chariot. Souvenir de cette rue du sud dans laquelle j’ai grandi où passent aujourd’hui encore des femmes et hommes chenus, au ralenti, qui vont aux commissions sur la place pas loin où se tient le marché. Il me suffit d’un rai de lumière parfois pour voyager : changement de plan, spatial et temporel, fugace certes. Je m’arrête un instant. Je ne crois pas aux voyages. Ils nous font dépendre du pétrole… Sans pétrole, pas de voyage ! « Pour voyager il suffit d’exister. […] Si j’imagine, je vois. Seule une extrême faiblesse de l’imagination peut justifier que l’on ait à se déplacer pour sentir » relevait Fernando Pessoa, dans Le livre de l’intranquillité. Mon pétrole ? la photo. Mes guiboles, le train au maximum, ça va bien ainsi. Après le confinement, dans quelques semaines ou quelques mois, songer à prendre un billet pour le sud, et retrouver ma rue.
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voyage 4/10
N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. « Une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui vous a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer de l’illustrer.
La photographie est un trip en soi, un voyage en soi. Qu’irais-je foutre à 10.000 kilomètres ? Je revisite certains coins de la ville, de mon pays. Ça ne t’arrive jamais ? je reste accroupi devant le tambour de la machine à laver pendant quelques minutes. Je le faisais avant, le fais encore, surtout confiné : le lancement, la flotte, les bulles qui apparaissent, ce côté hypnotique de la machine, ça vous a quelque chose de fascinant non ? Olrik face à Septimus. Ou bien, la pizza en train de cuire, au four – le coup de sirocco à l’ouverture, le Sahara. C’est la discussion que j’ai eue hier soir sur Internet avec l’ami Emmanuel. On parlait bande dessiné : Hergé, Edgar P. Jacobs… Réminiscences. Je revoyais les pages tourner devant moi. J’ai repris un livre ensuite. C’était Ed McBain et ses Chroniques du 87e District. New York ! J’ai été très marqué par la puissance d’évocation des auteurs de la Noire. Si ça c’est pas du voyage, je ne sais pas ce que c’est.
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voyage 3/10
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voyage 2/10
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voyage 1/10
Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. « Une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui vous a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu : Nicolas n’est en effet pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – c’est bien une facétie de sa part que de me proposer de l’illustrer. Relevons -le… Contrairement à l’immense Lévi-Strauss, je n’ai jamais rencontré ni étudié aucune société traditionnelle, ni écrit le moindre livre. Ma détestation du tourisme et des touristes reste néanmoins en tous points semblable à celle de l’illustre ethnologue. Je ne suis jamais allé bien loin.
Nul ne m’a jamais démontré que je me prive ici de quelque chose de fondamental. L’impact tout à fait délétère de ces « voyages » lointains – parlons plutôt de déplacements – sur la biodiversité ne fait en revanche plus aucun doute. Cette accumulation sans fin, alerte la science que personne n’écoute, conduit au surplus l’humanité à s’interdire tout avenir. Mon inertie polaire n’a jamais obéré la possibilité de faire l’expérience de l’Autre et de multiples rencontres – sur place. Hormis quelques photographies de ma Drôme natale, je n’ai rien conservé de notable – ce le serait pour qui ? pour quoi ? – de ce qui a pu m’éloigner de mon domicile, au-delà des frontières de ce pays qui est le mien : en cinquante ans, je compte trois déplacements assez loin relativement oubliables, et encore : deux l’ont été au sein même de l’Union Européenne. Pourtant, en aménageant dans mon nouvel appartement, en 2010, à seulement deux kilomètres du précédent, c’est un bouleversement que j’ai connu, un dépaysement mental, une reconfiguration totale. J’accédais ici à « une autre version de moi-même », comme dirait Meyerowitz, en m’installant dans une vie que je n’avais pas connue autrefois.
Des rencontres et des voyages, on en fait de multiples, par chez soi, pas loin, avec la lecture, le cinéma, Internet, voire le boulot, auprès de tous ces inconnus rencontrés via la photo. Paris est la première destination touristique du monde. Je suis sur place. Touriste à domicile, voyage sur place, c’est bien assez comme ça.
Conclure aujourd’hui avec ce mot de Bukowski : « Ils ont tous la bougeotte, ils se mettent à parcourir le monde (voyez Ginsberg, Corso, Kaja, Burroughs, etc., etc.). Je ne sais pas trop ce que ça signifie, mais je me rangerai du côté de Faulkner qui pensait qu’il y avait largement de quoi faire juste autour de son paillasson. Cette chasse à la culture dans le monde a pour moi une trop forte odeur de Cadillac neuve. » Correspondance (1958 – 1994)
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Porst 35 + Nd8
Prise à distance sanitaire s’il fallait le préciser, avec comme optique un Porst 35 mm des années 70/80 monté sur Pentax k1. L’objo est tout manuel, je lui ai mis un filtre nd8 pour compenser l’absence de mesure de l’expo. La photo est prise je suppose à f2,8 (le boitier ne reconnaissant pas l’objectif), bref : une bidouille totale mais j’aime ça de temps en temps même si la technique m’ennuie, globalement.
Enfin, cerise sur le gâteau, cette ultime précision de l’ami Bernard Jolivalt : « Porst, c’était une boîte allemande qui achetait du matos d‘Allemagne de l’Est et collait son étiquette dessus. Hanns Porst, le fondateur, fut un socialiste convaincu. Et son rejeton aussi, qui s’est pris deux ans de taule pour espionnage en faveur de la RDA. La boîte Porst a été rachetée en 1982 par Interdiscount. »
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