voyage 5/10

07/05/2020

N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. « Une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui t’a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer de l’illustrer. Cinquième image.

Entre courses et confinement, le bout du voyage sur place approche petit à petit : le lundi 11 mai sera la levée (partielle) du confinement. Nouvelle réminiscence ce matin au passage de cette femme au chariot. Souvenir de cette rue du sud dans laquelle j’ai grandi où passent aujourd’hui encore des femmes et hommes chenus, au ralenti, qui vont aux commissions sur la place pas loin où se tient le marché. Il me suffit d’un rai de lumière parfois pour voyager : changement de plan, spatial et temporel, fugace certes. Je m’arrête un instant. Je ne crois pas aux voyages. Ils nous font dépendre du pétrole… Sans pétrole, pas de voyage ! « Pour voyager il suffit d’exister. […] Si j’imagine, je vois. Seule une extrême faiblesse de l’imagination peut justifier que l’on ait à se déplacer pour sentir » relevait Fernando Pessoa, dans Le livre de l’intranquillité. Mon pétrole ? la photo. Mes guiboles, le train au maximum, ça va bien ainsi. Après le confinement, dans quelques semaines ou quelques mois, songer à prendre un billet pour le sud, et retrouver ma rue.