Pierre Montant

Les légendes de Pierre Montant /

Pierre Montant ne participe plus à unephotoparjour.ch

611 images légendées.

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de première nécessité

Avec dans la poche l’attestation de déplacement dérogatoire, case 2 : « Déplacements pour effectuer des achats de fournitures nécessaires à l’activité professionnelle et des achats de première nécessité, y compris les acquisitions à titre gratuit (distribution de denrées alimentaires…) et les déplacements liés à la perception de prestations sociales et au retrait d’espèces, dans des établissements dont les activités demeurent autorisées. » (liste sur gouvernement.fr).


le mardi 31 mars


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les vainqueurs

« On a fait rentrer chez eux bon nombre de « vainqueurs » de la mondialisation et on laisse dehors ceux qui sont en partie à leur service. » (Camille Peugny.) « Si le virus frappe indistinctement le corps des individus comme à la roulette russe, qui prend le plus de risques, qui travaille pendant le confinement ? Les travailleurs du clic et les ubérisés, les manutentionnaires et les caissières de supermarché, les conducteurs et les transporteurs, les travailleurs du soin et les éboueurs. » in Libération, samedi 28 et dimanche 29 mars 2020.


le lundi 30 mars


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Sun

j’ai choisi ce matin de monter sur le Pentax une vieille optique des années 70/80, de marque Sun, focale fixe très cheap de 28 mm, si pourrie sur le plan optique qu’on devait l’offrir avec Pif Gadget, avec un n° hors série consacré à la photo, ou un thermomètre acheté au pharmacien, un baromètre à l’opticien : quelque chose dans ce genre. Bords fuyants, nombreuses distorsions géométriques, vignettage, quel que soit le réglage. Pas si pourrie ! Ce qu’on prendrait pour rédhibitoire est plutôt à mon sens (très subjectif) une qualité ici. Rendre compte d’un état des choses, au prisme du flacon de gel hydroalcoolique. Soit une image du moment, en attendant mieux, d’y voir plus clair par le hublot. L’atterrissage post-covid s’annonce délicat…


le samedi 28 mars


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Excel

Une fois tous les deux jours je me rends au Carrefour Market à cinq cents mètres de chez moi, seul endroit assez proche où je puisse aller pour recharger mon frigo en aliments frais. Un peu plus cher qu’ailleurs, je n’ai pas bien le choix.
Les autres jours, je travaille sur un hébergement social de l’Armée du Salut, où résident 300 personnes, des réfugiés du droit d’asile, des précaires, répartis sur cinq étages, où la probabilité de croiser M. Covid entre deux couloirs ou dans l’ascenseur est assez forte, ces derniers temps. Pas question de céder au stock de bouffe, à cette panique que je juge imbécile. Jamais la ville n’a été aussi calme, respirable, en un mot aussi agréable que depuis que Covid y a cautérisé une certaine purulence automobile, effet secondaire inattendu de l’épidémie bénéfique à la tranquillité de l’âme, non négligeable. Le Carrefour Market est un vrai dépotoir. La ruée sur le PQ, les pâtes, l’eau en bouteille (!), les conserves et le surgelé ne varie pas d’un iota depuis deux semaines, et les salariés n’y sont pas au complet – un est resté coincé au Maroc – et les mêmes qui bossent chaque jour depuis des jours se démènent, avec ou sans masque, avec ou sans gants, pour réassortir comme ils peuvent les rayons, accroupis entre des monceaux de cellophane et de cartons. J’achète du chou-fleur surgelé depuis deux semaines, il ne reste que ça, et des yaourts aux fruits, enjambant un tas d’emballages pour les atteindre. Je dis au moment de régler à l’employé debout derrière sa plaque de plexi rivée aux caisses, que jamais je n’ai mangé autant de chou-fleur ces derniers temps. Il rigole, pâlement. Mes jambes sont fatiguées, j’essaie de bien dormir : ce n’est pas toujours facile. J’ai mon attestation dans la poche, le sac de courses en main et le Pentax au poignet. Il faut m’en retourner confiner.
C’est le moment que je choisis pour shooter : sur 500 mètres, il y aura bien un truc à saisir. Les jours de repos je ne sors pas pour autre chose bien sûr, à part courir.
Aujourd’hui, c’est donc ce carton que j’ai vu, accroché à la fenêtre d’un particulier.
A l’heure du grand ralentissement, des morts, des malades, cette adresse aux politiques stipendiés ne me paraît pas revêtir un sens neuf ni bien nouveau. Prendre soin du service public, accessoirement de la planète – et moins des dividendes – me semblait avoir été renvoyé pour longtemps encore à une case de bas de page Excel de ces temps hyper-normés, dopés à la gestion. On espère aujourd’hui ne pas se sortir seulement du covid-19.

le vendredi 27 mars


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ni trop près, ni trop loin

Je n’ose presque plus sortir mon appareil photo, chose rarissime. Cette photo a été prise à mon retour du boulot, avec le reflex. Crainte de la maréchaussée ? non, pas ça. Le cœur n’y est pas tout à fait, on se sentirait presque déplacé à en faire dans ces moments-là. Pourquoi ? parce que je me déplace, pour le travail, à l’heure où les médecins appellent au confinement total de la population. Être déplacé dans son déplacement. Le Conseil d’État a rejeté ce soir cette demande des syndicats de soignants. Confinés, mais autorisés à bosser. Là où je suis, travaille, il n’est de toute façon pas possible de ne pas aller. C’est une structure d’hébergement pour des réfugiés du droit d’asile, en situation précaire, qui abrite sous un même toit un autre profil de population, en grande précarité. Ces deux populations se côtoient, il y a près de 300 places : laisser ces gens livrés à eux-mêmes est bien sûr parfaitement inenvisageable. Mais les scrupules me rattrapent : je peux être aussi bien moi-même transmetteur du virus sans le savoir. Ne suis pas non plus malade : je pourrais l’être bientôt. On verra bien. En attendant, pas le choix, j’avance : ni trop près, ni trop loin.


le dimanche 22 mars


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chemin des courses

Première photo prise au smartphone publiée ici. Pas dû en prendre plus de quinze avec le Wiko, depuis trois ans que je l’utilise. La tactique est simple : ne pas se faire repérer par la maréchaussée, ne pas courir le risque d’être accusé de tourisme en plein confinement. C’est le parano-virus…


le samedi 21 mars


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20/03/2020

avec un petit clip de printemps


le vendredi 20 mars


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des pâtes

Entendu sur France Info ce soir : le volume d’une année de pâtes alimentaires a été acheté en l’espace de deux jours en France. Pour les sardines, les pilchards à la tomate, le papier hygiénique et le gel hydroalcoolique, on ne connait pas encore la situation. Il faut espérer que l’hôpital tienne le choc, car c’est du côté sanitaire que l’anxiété affleure, chez le photographe. On trouve à manger, et on s’adaptera aux consignes. Après moult régimes et autres cures d’austérité, au nom de la saine gestion bien sûr, l’hôpital public, lui, fait pâle figure aujourd’hui.


le mardi 17 mars


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confinement

On ne savait pas bien comment le prendre. Quelqu’un le savait-il vraiment ? en rire, ou pas, c’était fluctuant : selon l’humeur, selon l’info – grave, grave moyennement ? Très grave ? va comprendre. SARS-CoV-2, grippe xxl made in Pangolin, fascine. Les scientifiques répètent aujourd’hui que c’est très grave. Comment ne pas les croire ?
Ma collègue me dit : « Sois sûr qu’on va en reparler mardi. » (Je ne bosse pas lundi.) Comprendre : il va falloir s’attendre à des annonces de la direction. Chômage partiel, confinement de la structure ? Je m’attends à tout, maintenant.
Documenter le confinement à venir, le quotidien. Cette série démarre le samedi 14 mars, en respectant les consignes sanitaires les plus élémentaires, même si ça gonfle. Quitte au final à ne photographier plus que mon parquet, puis plus rien, le paillasson.


le samedi 14 mars


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rapido

– Hé mais c’est moi que vous avez photographié là ? – Oui, oui. Deux fois, oui. Je vous ai trouvé impeccable, dans la lumière, avec l’inox qui brille là derrière vous. Il se retourne. – Ha bon ? merci ! puis il me lâche un grand sourire. – Bonne journée m’sieur ! je lui fais, avec un signe de la main pour le remercier. Suis ravi à part moi que ça se passe bien, qu’il y ait encore la possibilité d’une rencontre sympa dans le raffut ambiant, aussi fugace soit-elle. Les cages en acier qui scintillent derrière on ne les voit pas trop, en ça j’ai un peu raté ma prise, c’est que tout est très rapide dans la rue. Pas question d’en faire une autre, de la demander : ce serait une photo posée, non que je n’aime pas, mais c’est pas ma pratique. « Pas mon kiff » dirait un môme ! Mais à cinquante ans passés, y aurait qu’un cassos [ndlr : cas social] pour parler comme ça.


le lundi 9 mars


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par ici

les jolis sourires


le mercredi 4 mars


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