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canari jaune
Une brochette de chefs d’états partouzent. Grand canari jaune bouscule son monde pour être sur la photo. On sourit poliment pendant qu’il réajuste sa veste.
On n’ose pas imaginer de quoi serait capable ce fat pour se faire une place dans les livres d’histoire?
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bêle
Dans le ciel ça moutonne, dans les champs ça moutonne, et moi je bêle devant la pivoine qui fait la rose.
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craché, juré
Je partage avec mon ami John, ex-uppjiste de talent, un café trop cher, d’Éthiopie, il en revient, sur la terrasse bobo d’une zone piétonne. Le bonheur des retrouvailles gomme vite cette déconvenue et c’est tout joyeux, craché juré d’ailleurs, que John souhaite se remettre en selle sur www.unephotoparjour.ch -avec constance joie et rigueur. Jusqu’au bout ! de quoi ? Il n’y a qu’un AVC qui l’arrêtera, dit-il, à moins que ce soit moi, quand, tout à coup, nous apercevons, de loin, immobiles, comme une extase, deux femmes se faire face.
Je me dresse, décapuchonne, entraîne l’ami dans mon sillage, deux clics, trois clics et me voilà tout proche de ce que je comprends être comme un rendez-vous avec Dieu.
Mais rien ne m’arrête, elles non plus d’ailleurs, sinon John qui me rappelle un abus de pouvoir que j’ai toujours exécré : photographier quelqu’un à ses dépens lorsqu’il a les yeux clos.
Alors la honte m’ébranle. Et change de sujet, vite, et me réjouis du retour de John parmi nous.
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vessie
C’est la guerre ! Avec ses chants, son infanterie de supporters, ses armées qui vont s’affronter autour d’une vessie de porc gonflée d’air. C’est la guerre sans morts, catharsis purificateur, conquête du territoire de l’autre, guerre cadrée par des règles, un arbitre, un entraineur, un président qui gère le fric et des bataillons de flics venus de toute la Suisse. Guerre qui permet à l’animal de sortir de son enclos, de pisser contre des poteaux, comme les chiens, beugler des hymnes rassembleurs et de jeter des bouteilles de bière contre les murs.
C’est la guerre des drapeaux !
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vit
Débarqué sur les rivages de cette région étrange et mystérieuse où vit un peuple appelé vaudois.
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!!!
Monsieur, monsieur !!! Je suis un pygmée, un pygmée avec un passeport suisse, comme vous me voyez. Je sors de prison mais vous savez même en prison je suis libre alors que beaucoup qui ne sont pas en prison ne sont pas libres. Et ce matin quand la police m’a relâché je n’ai pas eu envie d’aller travailler. C’est ça ma liberté. Même si ma conscience me disait le contraire…
En fait le problème c’est que je suis ce que je ne dois pas être… je suis en train de partir dans ce qui doit être ma liberté expressive…vous comprenez ? Je suis un fou philosophe et vais suivre le chemin que je dois suivre…
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hâtif
Un mauvais portrait, hâtif, mais la consolation d’avoir enfin pu apprivoiser cette reine d’un royaume inconnu. A chaque fois que je la croise en ville, je pars à son abordage, fasciné. La toute première fois, je prends en pleine poire une salve de mauvaise humeur. Puis relance mes grappins sur elle. Et mon insistance l’amuse mais pas mon désir de lui tirer le portrait. Je la questionne mais elle ne lâche que des sourires amusés. Puis un jour je la suis. Elle me voit, me sent. Je réitère. Non. Toujours pas de photographie. On se quitte souriants. Puis aujourd’hui je l’entends vociférer, face à la terrasse d’un restaurant. On se regarde, elle se calme, je la salue.
Je repose la question. Elle ferme les yeux et murmure quelque chose d’inaudible.
Oui, aujourd’hui, j’ai la permission, vous pouvez et elle remonte son foulard sur sa bouche.
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comme
Comme un sapin de Noël rejeté sur un trottoir au mois de mai
La vie nous réserve bien des surprises
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ponts de liane
Il n’y a pas si longtemps nous fêtions les trente ans de Nicolas. Ça a été rugissement collectif inoubliable.
Pus vinrent les quarante. Déconne à pleins tubes. Trois jours de nettoyages. Du moins c’est ce qu’on raconte encore aujourd’hui.
Quelques couples recomposés plus loin, voilà qu’il en a cinquante. Un antidote au temps qui passe c’est de s’entourer de jeunesse. Et de lui pomper sa vitalité. Et ça marche tant que tout le monde est bien ravitaillé. Alors on se balance sur les ponts de liane jetés entre les générations en disant à ceux qui sont encore assez sobre pour écouter : tu sais, la vie est courte, mais elle est large…
Ah tu trouves… et R. baisse son froc.
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petit pois
Violence. Frustration ? Violence dans les discours. Violence du père. Le père symbolique. Le flic, l’état ? Ordre et rigueur qu’on sollicite – paradoxalement – toujours plus : partout. Violence sourde, eau aigre qui s’insinue sous les fondations de la démocratie. Parce qu’il faut des coupables, c’est plus simple pour voir clair dans le chaos, on pointe du poing le banquier-bouc-émissaire, suppôt du grand capital dont la cravate remplace maintenant l’étoile jaune. L’argent comme foyer du stéréotype, associant juif, fric et commerce. Comme déjà en 1933. Mais trente-trois c’est le siècle passé. Trente-trois qui s’en souvient ? Pas de place pour trente-trois dans nos vies puisque irrémédiablement connectés avec l’immédiat, on nous délivre au quotidien notre minestrone numérique.
Boursouflures métaphoriques?
Frustration?
Juste un petit pois dans la soupe en plus…
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humérus
Pour pourfendre les tièdes il sonne la cloche.
Le galeriste nous présente le travail. Dithyrambique.
L’artiste, elle, remercie Rubens, Rembrandt, Rosso Fiorentino, Pasollini – La Ricotta.
Certains s’extasient. D’autres picorent le buffet.
L’un colle un point rouge. X parle de son dépit amoureux. J de la triple fracture de son humérus.
Dans les monotypes que j’ai faits, j’ai découvert une certaine relation avec les images photographiques de presse, des destructions et massacres en Syrie de ce début 2014. Je pense que cette relation réside dans la violence de l’image représentée dans la descente de croix. Il y a aussi une ambiguïté dans cet amalgame de personnage réunis : réunion d’un groupe d’amis autour de la dépouille d’un proche ? Ou pugilat, mêlée, tas, orgie ?
Deux mille dix-sept ans plus tard, toujours lui, toujours là !
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Et encore.
Bien-être. Pluies. Auto-hypnose. Gentillesse. Catherine. Camping. Chocolat. Et encore. Curcuma. Connais ton produit. Lingam. Dix neuf cinquante. Géobiologie. Pascal. Cabane. Yin-Yang. Cercles dans la nuit. Mandalas. Crops. Feu. Des messages d’amour et de paix. Jeanne d’Arc. Anges.
Une large journée…
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Via Ferrata
Épitaphe à l’ami disparu.
Dans la Via Ferrata de l’existence, Didier avait la photographie comme ligne de vie.
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Un poumon, peut-être, une rate ou un foie.
S’il vous plaît, no touch, c’est moi qui devrait vous servir – dit-elle alors que F soulève délicatement la cloche sous laquelle lui fait de l’œil un brownie.
Coffee ? Oui deux.
…
Vous faites des cœurs de mousse d’habitude.
Oui mais si je ne remplis pas plus les tasses c’est difficile.
Je vois comme un glaviot flotter sur la caféine à la place du cœur de mousse. Un poumon, peut-être, une rate ou un foie.
La classe ce macchiato même si son coût est quatre fois supérieur à celui d’un macchiato européen.
Nous, Suisses, sommes sur le Tita-nique et continuons à glisser sur les flots de la prospérité* malgré les moteurs coupés jusqu’au jour où…..
*toute relative, of course
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Eden
Pour Rex & Catz :
Croquettes bio, 8 euros le kilos.
Croquettes pour les poilus obèses, 8 euros 85
Coaching télématique* par le docteur J.D. à 20 euros les dix minutes.
*télépho-nique ou internet
And now a true story :
Un matin, un homme est arrivé dans ma clinique avec dans les bras un chien ensanglanté, qui venait de se faire renverser par une voiture ; il est mort quelques minutes plus tard, laissant son maître anéanti. Le lendemain matin, je vois ce dernier réapparaître tout sourire avec, en laisse, le même chien, qu’il venait faire vacciner : il était entre-temps allé chercher un frère de son chien décédé, un pointer anglais de 7 mois, dans l’élevage de Strasbourg où il avait acheté le premier – il avait fait l’aller-retour entre Toulon et Strasbourg en moins de 24 heures !
Le nouveau chien avait reçu le même nom que l’ancien, Eden. Mais d’emblée, le maître m’a demandé : « Vous ne trouvez pas qu’il est moins beau ? » Très vite, le nouvel Eden a développé des problèmes de peau. Son maître me l’amenait deux fois par mois mais je ne parvenais pas à trouver la cause de ses dermites à répétition. J’avais écarté la piste des parasites, celle des champignons, des allergies… alors je me suis surpris à improviser un traitement radical : j’ai suggéré à son maître de lui faire tous les jours pendant 15 jours de longs shampooings, lui disant que c’était la dernière tentative avant l’euthanasie. Deux semaines plus tard, le maître revenait triomphant avec son chien : « Vous avez vu comme il est beau ! »
C’était la chance du débutant : en imposant ces bains quotidiens, j’avais forcé le maître à instaurer un lien authentique avec ce chien, à chasser le fantôme d’Eden numéro un. Et Eden numéro deux, qui jusqu’alors souffrait de la présence encombrante de ce chien décédé, de la mine sombre de son maître qui le trouvait moins beau, s’est mis à aller mieux.
Ça a été pour moi une révélation : certains troubles organiques chez l’animal pouvaient donc être d’origine psychique. Nous avons alors théorisé avec Boris Cyrulnik le syndrome du « chien de remplacement », qui est aujourd’hui devenu un cas classique des troubles du comportement canin : de même qu’il existe des « enfants de remplacement » conçus juste après le décès d’un frère ou d’une sœur qui, lorsque les parents s’enferment dans le déni de cette mort, peuvent souffrir de lourds problèmes d’identité, le chien à travers lequel son maître espère effacer la mort de son précédent animal, sans faire son deuil, peut développer des troubles comportementaux variés, du trouble somatique, comme dans le cas d’Eden, à l’agressivité en passant par l’anxiété. Pour partager cette découverte, j’ai rédigé mes premiers articles scientifiques, qui sont parus dans la presse vétérinaire.
Docteur J.D. – Psycho comportementaliste
Ps : Maintenant je sais pourquoi les couples qui tiennent se shampouinent la touffe si souvent.
Ps bis : sources internet
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Six degrés
Gris premier mai. Six degrés au lever du jour. Tout autour, les montagnes sont blanches, comme les cheveux de Youssef. Lui, toujours au même endroit, crache entre ses jambes. Une petite rigole noirâtre file dans la pente. Parfois il sourit, parfois pas. Parfois il crie sa rage, parfois il fait des signes à tout le monde. Impossible de se comprendre, de savoir où, comment il a perdu sa main. Somalia, Somalia, c’est ce qu’il dit et c’est tout…
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