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28/02/2019
« Le sourire est le commencement de la grimace. »
Jules Renard, Journal (7 janvier 1893), p.116
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pas hors sujet
Ha ! ce n’est pas hors sujet ! m’a soufflé une passante à la vue de l’étiquetage. Je n’ai pu qu’opiner du chef…
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tourisme
Jouer les touristes dans sa propre ville, pourquoi pas ? Ici à 82,5 mm, qui change du 35 mm règlementaire. Souvent la règle veut qu’en photo de rue, on soit à la focale 35 mm. Au-dessus de 50 mm, on vous prend pour un touriste. Mais comme disait l’autre, la règle d’or, c’est qu’il n’y a pas de règles d’or !
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Jean-Pierre
J’ignore totalement le prénom du monsieur qui passe là, je ne sais pas qui c’est, on n’a pas échangé un mot. Jean-Pierre aime le noir et blanc. Il se reconnaîtra ! bon titre de Miles par ailleurs. Jean-Pierre aussi, aime bien Miles Davis. On est deux… Vive Jean-Pierre !
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des gens souriants
les gens qui vous sourient avec spontanéité sont assez rares dans les transports en commun, assez pour qu’on ait envie de le montrer lorsque ça arrive! première photo de la journée (soit dit en passant), et un des derniers sourires avant le soir
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le soûlot
Je reste figé en grimpant dans la rame. L’air abattu de ce pauvre chien de berger, œil éteint, carotte sur le lino : une tristesse éclair s’empare de moi. A hauteur d’homme, un agent cynophile affligé d’un fort strabisme convergent tient le clebs en laisse, aussitôt il me fouille du regard. Le flair de l’agent de sécurité, sans doute, qui saisit que se mijote un acte susceptible d’outrepasser la norme ! Pulsion scopique oblige, j’ai en effet rallumé le Pentax d’une légère pression sur le bouton. Ses yeux roulent quand je m’accroupis et vise, il se met à jouer des guiboles pour tenter de masquer Rex (appelons-le Rex). Je le vois qui s’affole. Une photo du chien ? Ola, ola ! Panique à bord. J’essaie de rassurer l’agent : – Il est beau votre chien monsieur ! Tout va bien, ce n’est qu’une photo de chien ! Le gars s’adoucit…
C’est sans compter sur un soûlot de la cinquantaine, abîmé, posté à côté, qui était là, je ne l’ai pas bien vu, tout se passe si vite, qui se met soudain à brailler de sa voix de soûlot, flûtée : – Ouaiisss t’es quiii toi ? pourquoi tu fais ça hein ?!? avant que j’aie pu prendre la moindre photo. – Monsieur, j’essaie de me concentrer. Et c’est pas de vous qu’il s’agit hé ! fais-je, en haussant le ton et relevant la tête pour fixer le fâcheux du regard, poli mais ferme. Je n’apprécie pas des masses qu’un inconnu, aussi allumé soit-il, se mette à me tutoyer, d’une part, d’autre part me dérange quand je photographie. Non mais hé. Souvent quand on photographie en ville, ce sont les gens hors cadre, hors champ, qui viennent vous emmerder : une constante. Va comprendre…
La photo du chien enfin prise (ce clebs me fait de la peine, vraiment, et son maître aussi), et entre deux invectives parfumées au cubi, je me relève, sûr de l’avoir ratée à cause du type; qui insiste. – Hééé béééé, vous m’avez pas répondu, moi j’suis charpentier ! et j’sors de l’hôpital, vous faites quoi, vous là ? – Ha, fais-je. – Alors, vous faites quoi ? – Je fais des photos ! lui dis-je en sautant de la rame, vous voyez bien. Et prenez soin de vous ! – Et pourquoi que vous me dites ça, hein ?? finit-il de gueuler. – Ben vous venez de me dire que sortiez de l’hôpital : prenez soin de vous ! – Non mais on aura tout vu ! se met-il à claironner. « Les gens y s’permettent de vous dire d’ces trucs ! » l’ai-je entendu bramer avant la fermeture des portes.
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gobichonner
« Je ne vois que des figures gaies dans les rues, des gens qui se donnent des poignées de main, et qui s’embrassent ; des gens heureux comme s’ils allaient tous dîner chez leurs filles, y gobichonner un bon petit dîner qu’elle a commandé devant moi au chef du café des Anglais.« — (Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835, Calmann-Lévy, 1910, 3e partie, p. 251)
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enfin! un peu d’air pur
Voilà ce que John, à gauche, dit à Alexandre, à droite. Ils sont au téléphone. Alexandre lui répond : « purée oui, t’as raison ça fait du bien, chez moi aussi, et ça nous change un peu, l’air de la campagne. »
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au solitaire
Voilà, c’est là qu’on avait RV ce matin avec mon voisin Hervé pour notre arabica rituel. Froid, dehors. J’ai craqué pour un Solitaire au passage, ce « jeu » de grattage de la Française des Jeux. Voyez, ces jeux d’argent contrôlés par l’État, Loto et cie, aux rêves de plages de sable fin auxquels beaucoup de gens se frottent, s’usent l’imaginaire et les fonds de poche, et parmi eux beaucoup de prolos, vieux, jeunes, Noirs, Chinois, femmes, individus de tous horizons, sauf les mineurs (c’est écrit) – mais en théorie seulement. Tous ces gens, qui souvent, en réalité, rongent leur frein avec ça, quand ils ne sombrent pas dans la dépendance dure. Je réfléchis, ne suis pas de ces pauvres gogos, ne cédant à ces machins qu’une dizaine de fois par an, environ, pour 2 euros, max. Guère enclin à entretenir cette machine à rêves de SPA aux Seychelles, qui en réalité tient à mon sens plus du coït anal pratiqué du sommet vers le bas sur le servum pecus que du jeu proprement dit, avec cette faculté en sus à entretenir chez tous cette appétence pour le lucre, principal ou l’un des principaux facteurs du saccage de la planète. Mais qui cracherait sur du pognon facile, si licite ? Suis-je vénal ? Prêt à me vendre à la Française ? N’empêche, j’ai cédé, et j’ai gagné ! si on peut dire : 14 euros. Moins les deux cafés, ça en fait 10. Pas rejoué la somme. Il suffit ! Ça m’aura payé en partie, en solo, le buffet à volonté du chinois du coin. Pas mal !
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