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évidemment
Les pourvoyeurs de contenus ont mis au point un logiciel qui avertit l’usager lorsqu’il se met en mouvement, de façon à ce qu’il relève la tête de l’écran pour ne pas se blesser (et ainsi se dédouaner de toute poursuite judiciaire possible aux États-Unis, évidemment).
Ubuesque !
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smash dans l’air
Il court après une balle de ping-pong qui sautille jusque sur la route. Ça passe au rouge, il s’excite, n’arrive pas à l’attraper, laisse tomber un rouleau de papier de toilette qui se déroule, tout ça en chaussettes. Se retire de la chaussée avec son rouleau et regarde la petite balle se faire écraser.
Pas de bol que je lui dis.
Pas grave m’en reste trois.
Faites du ping-pong ?
Ouais…
Et sort une raquette de sa poche arrière avec laquelle il envoie un smash dans l’air.
J’m’appelle Gianni, ramasse ses chaussures et s’en va.
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Le seul regret peut-être c’est de ne jamais voir les images.
J’attaque la pente que le matin je dévale à fond de train à vélo. Sauf qu’il y a un radar, vitesse et feu rouge, dans la descente. Deux messieurs bichonnent l’engin. Je les interpelle : Eh ! bonjour, en descente, il chope les vélos sur la piste cyclable au rouge ? Le plus balèze me salue par mon prénom, traverse la route. Le reconnais pas tout de suite. Carmelo ! Un de mes premiers apprentis. Sympa, appliqué, dévoué. Y a plus de trente ans. Tireur sportif émérite qui m’a appris que nous les photographes (pour faire court) étions les cousins éloignés de ceux qui arment, visent et shootent dans les stands de tir. Carmelo qui a réussi à me faire tirer sur une cible alors qu’on m’a mis au clou parce justement j’ai refusé de tirer. A l’armée. Carmelo grâce à qui j’ai interrogé (photographiquement) la pratique du tir de tous les milieux possible. Carmelo qui finalement s’est mis à la photographie (passion dont je suis peut-être indirectement responsable) en me flashant parfois. Mon seul regret peut-être c’est de ne jamais voir les images.
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je ne souffre plus
En abstinent non connaisseur, lorsqu’il s’agit d’offrir du pinard à des buveurs, c’est toujours l’originalité de l’étiquette qui me fait craquer. Et lorsque le vin fait vibrer les glottes, je ne souffre plus de rester sur le bord de la route, je m’agite pour me décapsuler et faire mousser l’eau gazeuse.
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à vingt mètres de Jean
And ne forhtedon na*
Borges a quinze mètres de Grisélidis Real, péripatéticienne, qui elle repose à vingt mètres de Jean Calvin, (dit J.C:) flambeur d’hérétiques.
L’humanité réunie dans le triangle des Bermudes du cimetière des rois.
*Be not afraid !
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Hamburger Gschichtli (La petite histoire de l’Hamburger).
Sur les quais une équipe de trois jeunes filme un monsieur fagoté très librement. Trois proprets en joggings blanc et bleus, genre stagiaires d’une TV locale. Je passe mais ma curiosité tire le frein à main et je reviens en arrière. Les petits jeunes s’éloignent joyeusement bavards. J’aborde le monsieur. Il s’appelle Markus, vient tous les jours à Genève en train depuis Waldstaat en Appenzell-Rhodes extérieures, sauf dimanche.
On m’a filmé parce que je suis écrivain.
Ah bon ? Et vous écrivez quoi Markus.
J’ai écrit un roman qui s’appelle… vous parlez allemand ?
Oui….
Hamburger Gschichtli (La petite histoire de l’Hamburger).
Mais Monsieur…
Ne m’appelle pas Monsieur, on se tutoie…
Markus, d’accord, mais je comprends pas, tu fais tous les jours de la semaine Waldstaat Genève en train ?
Oui sauf dimanche, ça me prend quatre heures vingt pour aller, quatre heures vingt pour le retour, on m’a offert un AB (abonnement général).
Mais pourquoi ?
Parce que j’ai une princesse à Genève.
Ah bon tout s’explique.
Tu serais d’accord de venir avec moi à Hambourg pour me photographier ? C’est ma ville préférée.
Peut-être un jour, mais avant ça t’aurais envie d’un sandwich ?
Oui avec plaisir, et un coca, je peux ?
Et plein d’autres choses sont encore arrivées suite à cette rencontre avec Markus, mais la plus mémorable est qu’il s’est mis en tête à vouloir m’écrire un petit conte pendant que j’irais chercher à manger. Une histoire de Prince et de Princesse. En allemand.
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Pour le reste, on verra.
Aujourd’hui :
Une bande de gamins exulte d’avoir réussi à faire voler leur jouet et déclare : It’s the first flight of a powered flight on another planet.
Fuji, le chat, a boulotté un lézard.
A 524 kilomètres au sud de mon clavier, un photographe appelé G.D. est condamné à 180 euros pour un excès de vitesse de dix kilomètres.
Les terrasses des restaurants et cafés genevois sont bondées et ont accueilli leurs premiers clients depuis quatre mois.
Sandrine sent bon le savon de Marseille.
Une feuille du tilleul pointe le bout du nez.
Pour le reste, on verra. Peut-être sur info-rts.ch ou au Téléjournal de Arte. Ou pas.
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Sauf pour la photo
Vernissages ! C’est reparti. Mais modérément. Sans cacahouètes. Sans poignées de mains. Sans bises, ni accolades. Masqués. Sauf pour la photo.
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peut-être pas
Ce monsieur est peut-être portugais, peut-être pas.
Il murmure, ou peut-être pas, un poème du tout grand Pessoa, portugais lui aussi.
Ce qu’il faut c’est être naturel et calme
Dans le bonheur ou le malheur
Ressentir comme on regarde
Penser comme on parle
Et quand on va mourir
Se souvenir que le jour meurt
Que le couchant est beau et que belle est la nuit qui reste
Et que si c’est ainsi c’est parce que c’est ainsi
Ou simplement prend le soleil, fume sa cigarette et attend les clefs.
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Rose de Sharon
“Dans la grange pleine de chuchotements et de murmures, Rose de Sharon resta un instant immobile. Puis elle se remit péniblement debout, serrant le châle autour de ses épaules. Lentement, elle gagna un coin de la grange et se tint plantée devant l’étranger, considérant la face ravagée, les grands yeux angoissés. Et lentement elle s’étendit près de lui. Il secoua faiblement la tête. Rose de Sharon écarta un coin du châle, découvrant un sein.- Si, il le faut, dit-elle. Elle se pressa contre lui et attira sa tête vers elle.- Là! Là. Sa main glissa derrière sa tête et la soutint. Ses doigts caressaient doucement les cheveux de l’homme. Elle leva les yeux, puis les baissa et regarda autour d’elle dans l’ombre de la grange. Alors ses lèvres se rejoignirent dans un mystérieux sourire.”
STEINBECK (JOHN) Les raisins de la colère. Gallimard, Paris, 1947. Traduit de l’anglais par Marcel Duhamel et M.-E Coindreau.
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un arbre noir couvert d’oiseaux jaunes
Aujourd’hui :
Vu, face à l’hôtel Métropole, accoté aux vitrines de Roche Bobois, un homme tendre un Coran à bouts de bras psalmodier des versets. Pieds nus.
Lu, dans le très intense Ordessa de Manuel Vilas, Mon cœur ressemble à un arbre noir couvert d’oiseaux jaunes qui piaillent et me perforent la chair.
Rempli une poubelle de cent dix litres de gants en plastique, de sacs en plastique, de masques, de canettes en alu et d’emballage Mac Do jetés sans vergogne dans un champ, coincés dans une haie, entassés dans un fossé.
Il y a d’un côté les sans vergogne et de l’autre les éco-culpabilisés qui font du tri une obsession, et tous les autres, souvent indifférents mais parfois mollement concernés.
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Le monde est si vaste
Drosophile en habit de soirée, à moins que ce soit une mouche à merde. Le monde est si vaste et lacunaire la connaissance.
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