Rose de Sharon

13/04/2021

“Dans la grange pleine de chuchotements et de murmures, Rose de Sharon resta un instant immobile. Puis elle se remit péniblement debout, serrant le châle autour de ses épaules. Lentement, elle gagna un coin de la grange et se tint plantée devant l’étranger, considérant la face ravagée, les grands yeux angoissés. Et lentement elle s’étendit près de lui. Il secoua faiblement la tête. Rose de Sharon écarta un coin du châle, découvrant un sein.- Si, il le faut, dit-elle. Elle se pressa contre lui et attira sa tête vers elle.- Là! Là. Sa main glissa derrière sa tête et la soutint. Ses doigts caressaient doucement les cheveux de l’homme. Elle leva les yeux, puis les baissa et regarda autour d’elle dans l’ombre de la grange. Alors ses lèvres se rejoignirent dans un mystérieux sourire.”

STEINBECK (JOHN) Les raisins de la colère. Gallimard, Paris, 1947. Traduit de l’anglais par Marcel Duhamel et M.-E Coindreau.