Francis Traunig

Les légendes de Francis Traunig /

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2015

ange

Des restes de jour se mélangent à la nuit. Je parque la moto sur un trottoir. Me dirige vers les quais. La bise bouscule, ébouriffe, veut jouer. Je cale mon Fuji en maugréant, cassé en deux comme une crevette sur le parapet de granit qui borde le lac qui remue.

Ne bouge plus.

Règle, ajuste, déclenche. Plusieurs fois et me redresse, les doigts glacés. Bof, ce que je vois est bien au-delà de ce que je pourrais capter. Alors en levant la tête, tout près de moi, je remarque une femme sans âge me dévisager avec une immobile insistance.

Je regagne la moto, traverse la route. Elle me suit. Le téléphone sonne. C’est Michel qui me parle de… ça vente, je me réfugie derrière un panneau publicitaire pour empêcher la bise de participer à la conversation. A un mètre de moi, sur ma droite elle est toujours là, toujours insistante. Je vais lui parler mais Michel me tire à lui dans la conversation. Je me recroqueville une fois de plus pour mieux entendre, pour mieux comprendre. Relève la tête croise une fois encore le regard de cette femme sans âge.

Michel, je te laisse…

…et la vois glisser dans la pénombre et disparaître.

Je me remets en selle, me faufile dans la circulation du soir. Rendez-vous avec mon fils. Accélère dépasse, échappe à la ville, remonte la rampe de… me prépare à tourner à gauche lorsque j’entends un hurlement furieux couvrir le bruit du moteur, plante les freins. Un cycliste lancé à toute bombe dévale la pente dans le noir, sans lumière.

Il s’en est fallu de si peu que le chaos s’installe.

Cette femme, peut-être un  ange qui voulait me prévenir ?


le lundi 30 octobre


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En

Au pilori la bagnole !

Vive les deux roues !

En particulier les motos !


le samedi 28 octobre


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ring

Two super women ! L’une a failli couper les couilles d’un impudent  avec des ciseaux et l’autre vous renvoie les malotrus dans les cordes du ring avec une ferme élégance.

Avec l’une et l’autre, les hommes n’ont qu’à bien se tenir.


le vendredi 27 octobre


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violon

La mangue n’est pas orange même si elle l’est un peu.

On ne peut pas naître con et mourir ingénieur sauf si c’est un ingénieur qui le déclare.

Comme on peut rire de tristesse en étant gay. Ou gay et triste en même temps.

Bref, je meuble une pièce vide même si je me suis cogné toute la journée aux coins des tables.

Meubler avec des mots comme scrofuleux, rapicolant ou anti-spectaculaire est ridicule.

Est-ce qu’il vaudrait mieux ne rien dire, rien photographier ?

Pet d’escargot, pet d’éléphant dans un violon ?

La mangue est vraiment un fruit royal !


le jeudi 26 octobre


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braguette

Mais quoi, qu’est-ce qu’elle me veut à s’offrir comme si on avait gardé les vaches ensemble?

Avec ses tétons qui me regardent dans les yeux, le dessous de bras offert à mes narines et les lèvres tendues comme si j’étais une coupe de champagne.

Et si je portais plainte d’être harcelé par le diabolique stratagème d’un cupide commerçant qui veut me faire les poches en passant par la braguette…


le mardi 24 octobre


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univers

Damned, pauvres mômes, en laisse dans l’univers concentrationnaire des marques sous l’œil bienveillant de maman et des caméras de surveillance.


le lundi 23 octobre


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encore

« Le théâtre est encore et toujours le dispositif poético-politique qui nous permet de transposer la peur de la mort et l’histoire de la violence qui a ravagée la Colombie depuis que nous sommes nés, mais aussi notre désir de fêter et de célébrer la vie. Aux abominables rituels de mort dont le pays a été le témoin, les Colombiens ont opposé une force de résistance obstinée, identifiable à notre capacité de survie et de célébration. »

Et moi je me suis contenté d’applaudir ardemment, comme tout ceux autour de moi, rivés sur leur siège au Théâtre de Vidy

La Despedida du Mapa Teatro


le samedi 21 octobre


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Demain quoi ?

Faim de soirée – Bobotti –  Le temps va changer – Empathie – Un bon portrait ne doit pas forcément flatter – C’est l’âge où on bâtit – Je ne me souviens pas de mes anniversaires  – Est-ce que c’est vraiment moi ?  Joie – Qui ouvre la bouteille ? – J’ai de la peine à mettre mon bras dans le dos – Oui, merci – Encore – Je dois la charger -Louis l’a séduite – Lunettes poisson – Demain ! Demain quoi ?

J’ai oublié l’essentiel. Mais peut-être que l’essentiel se cache dans les détails ?


le jeudi 19 octobre


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où on va dis maman ?

Voyage d’hiver – Jaume Cabré – nouvelles traduites du Catalan par Edmond Raillard


le mercredi 18 octobre


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vélo électrique

Le côté génial avec le premier lieutenant Spühler, commandant en chef de l’escadron LR, c’est qu’avec lui on peut parler de tout sur tous les tons. Il aime l’ordre mais pousse au badinage. A une préférence – marquée – pour les collections au détriment des dossiers. Excellent cuisinier tout autant que très bon tireur, il vous cuisine un portrait avec un zeste d’Elinchrom réfléchi dans une cuiller à soupe. Sait qui est Tim Walker. A mis en scène pour le théâtre. Fait du cirque, a une solide culture littéraire,  un vélo électrique et de l’appétit…

Sa femme a de la chance.


le mardi 17 octobre


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lorsque

Un tournesol dans un parapluie comme dans un vase – du Lautréamont – lorsque jaillissent des ténèbres une bouteille de bière et son propriétaire.


le vendredi 6 octobre


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Garden Leave

Mon pote Y s’est fait virer de la banque du jour au lendemain après trente ans de loyaux services. Cependant il reste en Garden Leave (à disposition de son employeur qui peut l’appeler sur demande) pendant un an.

Souviens-toi qu’un poisson mort peut flotter en suivant le courant, mais seul un poisson vivant peut nager en le remontant.

W.C. Fields


le jeudi 5 octobre


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…?

Qu’est-ce qui vous fait dire extraordinaire ?

Mais vous, là, accroché à cet étalon mesure.

…?

Je passe devant ce coin de mur plusieurs fois par jour à tel point que je ne le vois plus et voilà que vous le rendez visible.


le lundi 2 octobre


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su

Les objets racontent des choses sur nous que parfois nous n’avons pas su comprendre.


le dimanche 1 octobre


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