ange

30/10/2017

Des restes de jour se mélangent à la nuit. Je parque la moto sur un trottoir. Me dirige vers les quais. La bise bouscule, ébouriffe, veut jouer. Je cale mon Fuji en maugréant, cassé en deux comme une crevette sur le parapet de granit qui borde le lac qui remue.

Ne bouge plus.

Règle, ajuste, déclenche. Plusieurs fois et me redresse, les doigts glacés. Bof, ce que je vois est bien au-delà de ce que je pourrais capter. Alors en levant la tête, tout près de moi, je remarque une femme sans âge me dévisager avec une immobile insistance.

Je regagne la moto, traverse la route. Elle me suit. Le téléphone sonne. C’est Michel qui me parle de… ça vente, je me réfugie derrière un panneau publicitaire pour empêcher la bise de participer à la conversation. A un mètre de moi, sur ma droite elle est toujours là, toujours insistante. Je vais lui parler mais Michel me tire à lui dans la conversation. Je me recroqueville une fois de plus pour mieux entendre, pour mieux comprendre. Relève la tête croise une fois encore le regard de cette femme sans âge.

Michel, je te laisse…

…et la vois glisser dans la pénombre et disparaître.

Je me remets en selle, me faufile dans la circulation du soir. Rendez-vous avec mon fils. Accélère dépasse, échappe à la ville, remonte la rampe de… me prépare à tourner à gauche lorsque j’entends un hurlement furieux couvrir le bruit du moteur, plante les freins. Un cycliste lancé à toute bombe dévale la pente dans le noir, sans lumière.

Il s’en est fallu de si peu que le chaos s’installe.

Cette femme, peut-être un  ange qui voulait me prévenir ?