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bus
Double péril. Le bus arrive et fait bramer son klaxon. L’homme me fixe et veut me faire ravaler mon sourire.
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cerisiers
Raccourcis et promenade en zigzag dans les bas-côtés de l’autoroute.
Toute cette histoire a commencé il y a bien longtemps.
On y va ! Haro sur l’obscurantisme, opposons-nous à la superstition, au pouvoir de l’église. Vive la science, l’encyclopédie. Vas-y Voltaire ! Apprends-nous à réfléchir. Les Lumières réchauffent enfin nos petits cœurs de vermisseaux, si longtemps soumis à l’empire de Dieu.
Qui voilà est moribond, la place est vacante, et entre-temps quelques mâles Alpha, rois dégénérés, empereurs, dictateurs et révolutionnaires sanguinaires vont s’asseoir sur son trône pour le bien de tous.
L’église fonce se recroqueviller dans ses bâtiments, comme un bernard l’ermite, cache son pognon, protège ses reliques et prie.
On décapite, transforme les palais en Musée, les nostalgiques ourdissent leur retour en va-et-vient et apprennent que rien ne dure, pas même l’acier des canons.
Alors, encore une fois, mais avec une vigueur nouvelle, on peut lire dans le Gai savoir, c’est cocasse, que Dieu est mort. Mais on n’a toujours pas trouvé son cadavre. Place nette pour des idéologies qui se tirent la bourre et qui vont s’affronter sur le dos de millions d’innocents.
Vient le plus jamais ça. On est copain maintenant. On va faire du business ensemble, ouvrir nos marchés, ça fera plus de clients, plus de profits et on pourra contrer les japonais et les américains et bientôt les chinois.
Puis débarque la fille d’un épicier et d’une couturière qui cache dans un gant de velours une main de fer. Elle prône la poigne, Margaret, pour préserver ce qu’il reste du confetti impérial.
De l’autre côté de la Manche, accouché par l’esprit des Lumières, le roi François décomplexe la France vis-à-vis de l’argent et de l’esprit d’entreprise en nommant Bernard – homme d’affaire, saltimbanque, escroc, séducteur et acteur – ministre. Tapie préfigurant d’ailleurs Donald.
La chatte, ce coup-là, ne reconnait plus ses petits. (Mais pas plus que ces jours passés où Valls se vend à Macron, suppôt du capitalisme, Macron d’ailleurs quatre fois moins fortuné que Mélenchon, le tribun qui est à gauche de la gauche).
Mais pas si vite. D’ailleurs, juste en passant, peut-on s’appeler Royal et être socialiste ?
Le moment le plus intéressant de toute cette Histoire tient sans doute dans cette petite phrase :
Casse-toi pauvre con !
On est le 23 février 2008. Sarko traine alors Dieu par la barbe et l’enterre définitivement.
Il désacralise ce qu’on pouvait imaginer être la fonction suprême. C’est pas un Président, il est juste aussi con que mon voisin du troisième proclame le concierge.
Un peu plus loin, ne me souviens plus vraiment quand :
Strauss-… ça veut dire autruche en allemand, nie avoir fait des cochonsettées avec une femme de ménage. Strauss bourré aux as, roulant en Porsche Panamera, prix catalogue 140’000 euros, défenseur ardent des valeurs de gauche, héritier de Mitterrand et de ses Lumières, s’empêtre, déçoit et finalement pose les plaques.
Alors complot par-ci, complot par-là ?
Oui disent les complotistes, non disent certains autres, on s’en fout complètement maugréent les désabusés. Qui d’ailleurs préparent la couche à Marine. Faire front, défendre le retour aux valeurs, défendre les lésés, les laissés pour compte, mais pas ceux de Calais qui sont dans nos rues maintenant et sous nos ponts et qui viennent nous manger notre pain, blanc.
Alors avec sa belle gueule de beau-fils idéal, planté dans du terreau stérile duquel il émerge, tout proche des parois du Grand Frais, épicier hard discounter où les employés sont les moins bien payés de toute la région, (et qui importe ses légumes de Pologne) qu’en penser ?
Comme dirait l’autre. Faut-il continuer de ramener le pouvoir de tous à celui d’un seul ?
Paradoxes, oxymores, contradictions, mensonges et faits alternatifs font de toutes ces histoires un mélange gazeux explosif.
Dans l’ombre de la lumière de Dieu – qui fait encore fleurir les cerisiers – gronde l’insurrection.
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Autrement dit :
Trace de traces, coulées, frottements, morsure du temps. Et la photographie, crissements de griffes de chat sur la pente vitrée du temps.
Autrement dit : vite avant que la lumière ne s’échappe.
En japonais : Wabi-sabi.
Techniquement : 1/340 s à f/5.0, ISO 200 – 23mm
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j’y pense encore
J’ai pris sa radio, l’ai jetée par la fenêtre. J’étais petit, je devais avoir quatre ans. Je voulais faire sortir les petits bonhommes du poste. Je voulais les délivrer. Mon père m’a alors corrigé. Ça m’a marqué. J’y pense encore.
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canard WC
Aujourd’hui.
Deux boiteux se font front, presque se tamponnent, l’un descend l’autre monte.
Tu ne m’y reprendras pas dit quelqu’un à son téléphone.
Au moment même où je pense peut-être avoir trop serré ma ceinture et baisse la tête et constate que non et la relève, une jeune femme avec un visage volontaire où rôde la concupiscence en sous-vêtements, me dit : Bonjour Monsieur et fait hoqueter mon pas.
Un papillon me contourne mes yeux vite l’épingle, c’est un morceau de papier.
J’en commande mille pièces, c’est des cartons de trois cents, mettez m’en trois.
Un homme une femme, casqués noirs, sanglés cuir, à cheval sur ce que les peaux rouges appelaient un siège de feu et ma fille une Arlette davidson, escaladent un trottoir sur leur deux roues qu’ils font vrombir pour que les piétons fassent place. Peut-être même allégeance.
Elle crache sa rage dans une langue inconnue à la figure de deux balèzes sanglés dans un uniforme bleu.
Moi je mange des Snickers, c’est mon repas de midi, annonce-t-il à la caissière qu’il cherche visiblement à impressionner pendant que je feuillette la Schweizer Illustrierte, magazine daube où les peoples se nettoie le sourire au canard WC. Je suis parti de Zurich à Rabat en quarante tonnes avec Miss Suisse. M’annonce Nicolas. Jeudi passé. Jeudi d’après, l’Odyssée Humanitaire de Miss Suisse fait la Une de toute la presse. Pendant qu’à Mossoul… mais ne pas tout confondre. Lauriane ne veut pas qu’on la prenne pour une potiche. A passé son permis poids lourds. A livré sa marchandise humanitaire après avoir franchi maints obstacles, suivie par un troupeau de journalistes, une équipe de télévision et une escadrille de photographes.
Jean-Luc, en gilet fluo, me parle de ses oliviers photographiés, en Jpeg, peut-être en raw, sans doute en noir et blanc, le bleu du ciel là-bas est trop présent, je ne me souviens plus vraiment.
Me revient cette scène, mardi soir, 22 heures, ma mère, le bras en l’air.
Mais qu’est-ce que tu fais ?
Comme ça ma main est plus près de Dieu.
Marius m’attend. Eh ! Alors ? Quoi ? Rien. On m’a volé mon vélo. La photo ? Ça m’ennuie. J’ai plus envie. Peut-être me mettre à la sculpture. Mais bon.
Nuage violet.
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possible
Derrière les masques
Qui sait
Puisqu’on sait maintenant
Que le réel est plus fort que la fiction
Derrière les masques
Peut-être Pénélope et Fillon
Vite fait, venus solder leurs comptes chez O.R.L. banquiers privés
Le sac plein de biftons, qui pourrait l’imaginer
Et dans les bras le petit Alphonse
Habile diversion
Petit dernier de leur femme de ménage camerounaise
Derrière les masques
absolument
tout
est
possible
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suis-je
Vendre mes amis à SALT ? Pour toucher 100 balles ? J’ai de la peine à me situer. Suis-je une pute ou un macro ?
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club sandwich
Un cornichon, une tranche de jambon, un type qui mange sa crêpe seul, le goût du café qui râpe la langue, Maxime qui me parle de Jules Verne, une élégante en fuchsia, un moustachu que promène son chien, une mimi son nombril….
la vie est un club sandwich…
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labourer la mer
Cher Rémy,
Tous les jours je passe devant elle. Tous les jours, je la vois invectiver le ciel, jeter sa rage contre les passants, faire de tout petits feux avec de la cire, s’épuiser en gestes incompréhensibles au milieu d’une indifférence totale. Il arrive qu’on lui donne une pièce et ça la calme, certains des cigarettes. Elle vient de sangler son barda dans des sacs neufs, probablement offerts par quelqu’un de compatissant. Tout comme l’est le patron du café voisin, qui l’approvisionne parfois de tranches de pizzas, parfois de croissants.
Cette dame, qui a l’âge de nos mères, s’enroule alors dans ses couvertures et passe la nuit devant l’entrée du HM de la rue du Mont-Blanc, depuis des années. Hiver comme été, blottie sous l’auvent du magasin.
Alors tu penses bien que les rumeurs courent à son sujet, que je laisse galoper, parce que je ne sais rien de sa vie. Il est arrivé qu’elle disparaisse avec tous ses paquets pour réapparaitre quelques jours plus tard. Œuvre des services sociaux ? Plainte de l’UBS, voisine d’H&M ? Ou peut-être indignation d’un citoyen qui décide d’agir.
La misère, la déshérence courent les rues. Ce n’est pas encore Calais, Paris, Athènes ou l’Italie. Les acteurs culturels, les politiciens au cœur accrochés à gauche se mobilisent, soutiennent, agissent, créent des structures d’accueils. Nos engagements ont évidemment pour corollaire la culture du propre en ordre, de l’organisation, des feux rouges et des parcours fléchés.
C’est pour ça que les laissés pour compte se cachent sous les ponts, à l’abri des regards, se planquent dans des friches industrielles, dans des bateaux de plaisance amarrés aux quais. C’est gênant de regarder la misère dans les yeux. Ça nous met face à notre impuissance et à nos appétences pour l’ordre.
Je t’écris, camarade des temps où nous avions encore un pied dans l’innocence, pour te demander d’agir. Ta formation d’assistant social, de trublion de la gauche, de maire de Genève et de conseiller administratif peut aider.
Tu ne penses pas ?
La culture, cache sexe de la misère : avec une terrible ironie, les panneaux d’une exposition sur les droits humains, dressés en décors de western, cravachent dru la conscience des passants et juste derrière ce florilège de slogans, cette femme qui part en lambeaux.
Alors ? Pisser dans un violon ? Labourer la mer ? Ou passer aux actes ?
Merci de m’aider à trouver une solution.
Amicalement, tout à toi…
Francis Traunig Samedi matin, le 18 mars 2017
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Fauré
En quête.
De quoi ?
De partage ? D’être moins seul ? De faire savoir aux autres sa joie d’être au monde ? Et corollaire de cet état fugace, son angoisse.
Faire une trace dans la neige de printemps, en sautillant. Mettre son pas dans les pas des géants.
Jean-Luc nous lit Maupassant et chante Fauré.
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miroir
Elena s’élance contre les gens avec son petit appareil photo et prend feu à chaque rencontre; s’immole dans une joie presque mystique par la lumière qu’elle traque chez l’autre; puis transvase toutes ces rencontres sur disque dur, et les imprime, les catalogue dans des classeurs de couleurs qu’elle va étaler comme un jeu de cartes. Son désir est insatiable, vertigineux. Elle se penche sur l’Autre comme sur l’abîme et semble rechercher un visage perdu, le visage miroir qui lui renverrait le sien.
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sillons
Dans la solitude des campagnes électorales, les socialistes croisent leurs sillons avec ceux des UDC (la droite radicale helvétique).
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oui mais
Ode à mon grand pote de Bordeaux, âme sensible, homme engagé, grand lecteur de Montaigne et grand pourvoyeur de fonds d’écrans. Le cœur à gauche, bien sûr, jusqu’à ce que le mur tombe pour ensuite laisser les Lumières éclairer son chemin et celui de ceux qu’il aide. L’humain est bien trop vaste pour l’enferrer dans des niches dogmatiques.
Avec lui avons découverts au Mexique, en zone Zapatiste, le oui mais. Qu’il n’y a pas que les indiens et les Cowboys, les bons et les méchants. Mais que le monde est bien plus vaste en nuances et en complexités.
Viva Zapata, quand même, hasta la muerte !
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soldats
Il y avait des soldats avec des fusils sur le bateau mais je suis allé aux toilettes, me suis glissé dans le trou, tout habillé, c’était un gros trou, comme une trappe, personne ne pouvait me voir et je me suis retrouvé dans le Mékong. Me suis pincé le nez et resté longtemps sous l’eau. J’avais peur que les soldats me voient et tirent. J’ai nagé jusqu’en Thaïlande et on m’a mis dans un camp, j’ai pu manger et recevoir de nouveaux habits. Après six mois la Croix Rouge m’a donné un billet d’avion pour rejoindre mon frère à Paris. C’est pourquoi, chaque fois que je vois une petite boîte avec la Croix Rouge dessus, je mets des sous dedans et j’explique à mes enfants pourquoi.
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seize ans
Les livres ont parfois de drôles de destin. Celui-là, tout en gothique, raconte l’âpre négociation d’un mortel et du diable. Livre que ma mère a reçu de Professeur Berchtold il y a septante six ans alors qu’elle n’en avait que seize et lui plus du double. A ses avances sous un tilleul elle fut troublée et s’en alla le raconter à la femme du maître. Après la classe elle lui rendit le livre mais vexé, il le lui balança à la figure. Depuis elle ne le quitta plus et le livre dort à ses côtés avec son chat.
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os
Samedi matin, peut-être vendredi, un beau black jette sa rage contre le ciel. Qui lui retombe dessus et l’écrase. Indifférence. Un flic passe. Armé, bronzé, droit dans ses bottes. Image d’Épinal pour le recrutement policier. Les deux univers, aussi éloignés l’un de l’autre qu’une étoile de mer l’est d’une hirondelle, se font face. Ils se regardent, se reniflent. L’homme-flic se débarrasse de son image et écoute. Écoute. Et le tourmenté se redresse. Il n’est plus seul dans sa douleur.
Le préjugé existe dès la plus haute antiquité, parfois il retourne dans sa niche et ronge son os en grognant…
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le chat
Le rire est le propre de l’homme, le complet cravate aussi. Nous sommes des mammifères qui aimons luger sur la pente des idées, mesurer ce qui nous sépare de Dieu, compter les flocons qui font la peau des banquises et nous offusquer de l’injustice. Encore faudrait-il savoir ce qu’en pense le chat quand il regarde une souris dans les yeux..
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houpette
Le canari à houppette jaune a fait des choses bien pires que moi, bien plus salaces, cochonnes même et a réussi, contre toute attente, à se faire élire. Le peuple aime les combattants, les obstinés. Je ne cèderai pas. Je ne me rendrai pas. Je ne me retirerai pas. Comme Marine d’ailleurs, sacrée bonne femme, à qui j’offrirai un poste pour faire le ménage dans les banlieues quand je serai Président. La presse, les juges, la loi, je vais t’en foutre, je les emmerde, les méprise, mieux encore, je les ignore. Donald a su embobiner son monde, il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas. Je ne dois pas décevoir ma famille politique ni le peuple français qui me fait confiance…
Vive de Gaulle ! Vive la France !
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