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Moi aussi
... je suis dans le rucher des commerces, sous la gare, porté par le courant des pendulaires qui débarquent, arrosé par une béchamel musicale insipide. Mais voilà qu'on me dépasse par la gauche, par la droite, pressé par l’horaire alors que je flâne. Et tout à fait par hasard, avec deux têtes grises, comme moi, le pas un peu moins alerte, nous nous retrouvons en escadrille. Lorsque nous coupe la route ( à cheval sur un rayon de lumière ) une sylphide sanglée outrageusement... Tous les trois, comme au match de tennis, on suit la balle qui déjà rebondit sur l’escalator.
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Se retrousser les manches.
Rencontre de deux femmes de "tête" en marge du forum de Marchissy. Les échanges ont principalement eu comme sujet les enfants de l'une et de l'autre, l'éducation, l'amour filial et la nécessité de bien se retrousser les manches (pour ne pas se les salir) avant de se mettre à l'ouvrage.
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Bacalao
Il y a dans la périphérie de cette image, à droite, un homme passionné intarissable, meilleur ouvrier de France en vannerie (...) tellement prolixe qu’il en a oublié de poser des questions à son auditoire subjugué. Il y a aussi, assises, trois femmes d'envergure. Et Damien, généreux et joyeux hôte, qui défourne son bacalao.
Et ainsi passent les soirées où chacun ne peut pas être autre chose que lui-même, moi y compris, Amen !
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Chevreuils et renard
Derrière ce rideau, deux chevreuils et un renard échappent au chasseur d'images.
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Pinocchios
Je tombe sur le cul, si j’ose dire. Alors que je réfléchis à la manière dont la presse façonne notre perception des évènements (pour finalement satisfaire ses propriétaires fonciers que sont les annonceurs, les partis politiques et les industriels du papier de toilettes avec lequel on se torche les émotions), évènements qui permettent de mettre du beurre dans les rotatives, évènements qui permettent aux politiques de nous forcer de choisir entre deux seuls choix possibles : pour ou contre et ainsi flinguer la nuance, la complexité. Évènements qui annoncent un retour des dogmes, d’un retour du politiquement correcte et du respect de l’autorité, des vertus et des postures morales prônées par l’état (alors qu’il est encombré de Pinocchios).
Et c’est au milieu de ces désastres, vendus par la feuille de chou que je consulte, que six jeunes filles se proposent de divertir mes illusions et pomper ma carte de crédit.
Mazette ! on va claquer d’un cancer du fric.
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Sur ces quatre mètres carrés vous lancerez le dialogue.
Sur ce tapis défilent les racoleurs de tout genre.
Pour sauver nos amis à quatre pattes.
Pour aider les enfants maltraités par la guerre.
Pour sauver les baleines.
Pour vendre des produits de beauté (bio).
Des assurances.
De l’épicerie, genre noisettes, miels divers et autres compotes (bio).
Pour venir en aide aux gens touchés par le sida.
Pour aider les exclus et les laissés-pour-compte.
Les fauves maltraités.
Etc...
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Un peu plus loin
Est-ce qu'on peut faire du noir et blanc en couleur ?
Un peu plus loin en y pensant, je croise un flic qui me dit : Bonjour Monsieur.
C'est pas à Genève que ça m'arriverait... et il me fait perdre le fil de mes pensées.
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L’histoire
Au large, Evian, (plus qu’une Eau Minceur pour minette calibrée par le taille crayon de la mode) où furent signés les accords éponymes qui ont permis aux algériens de se libérer de la tutelle des colons.
A droite, les quais de Vevey et son arrogant château de l’Aile où Paul Morand s’est planqué en 1948, encombré par sa mauvaise conscience et ses propos maréchalistes.
Au centre, une buvette où les jeunes viennent draguer, l'été.
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Humus
La terre nous apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre lorsqu'il se mesure avec l'obstacle.
A de S.E.
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Luxe
Il y a, à Genève, encore deux trois cinglés qui se payent le luxe de trinquer à l'amitié à coups d'expressi machiatto à quatre balles vingt le godet.
Making of : (Je demande à un groupe de touristes chinois bardés d'appareils photos de nous photographier dans notre délire caféiné, mais ils détournent le regard. Alors je les hèle et ils s'enfuient, appareils en bernes, nous prenant sans doute pour des hooligans beurrés. Mais une jeune fille, nous voyant dépités, se propose gentiment de nous immortaliser.)
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La Mort (bis)
Il faut que je te raconte quelque chose. Quelque chose d’important. J’habitais le quartier, comme toi. En revenant de l’école, en passant devant chez toi, je m’en souviens tellement bien, ma mère me dit : Tu vois, ici habite un petit camarade de ton âge qui a perdu son papa... A travers ton histoire, la mort, la perte alors s’invite dans ma vie de jeune garçon de dix ans. Je sers la main de maman bouleversé et tu vois, je n’ai jamais oublié...
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Le lion est mort
On est là. Sans savoir quoi dire. Certains silencieux. D’autres ravis de retrouver une vieille connaissance. Souriants d’être peut-être moins abrasés par la vie qu’un tel, qui vraiment en a bavé. Ou qu’une autre, mon Dieu, je ne l’ai d’abord pas reconnue. Mais la tristesse rôde dans les conversations, se faufile entre un soudain éclat de rire qui retombe vite, amorti par la pudeur. Oui c’est terrible de mourir quand on a été si vivant, conquérant, tellement engagé dans le partage. Quelle injustice !
Les conversations font la ronde autour de la femme du lion, digne, le chagrin enivré par toute cette sollicitude.
M’aperçoit alors Philippe, sourire fendu jusqu’aux oreilles, calotte en laine sur le crâne : Mon chéri, vient que je t’embrasse sur la bouche, et me touche, et m’enlace et rit comme un môme au milieu des groupes de vieux amis d’y il y a trente ans devenus grands-pères, grands-mères, certains avec encore du feu encore dans les yeux, d’autres épuisés par trop de plongeons dans des piscines vides.
Georges, le lion est mort et nous venons te saluer... Lance son grand ami dans cette antichambre du crématoire.
C'est fou comme il faut se sentir mortel pour se sentir vivre.
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Au « Petit Chalet »
Nous cancanons, rions, passons en revue. Projetons, fomentons, conjecturons, à pleines goulées, enchantés d’être là. Les neurones enivrés par le carrousel de la conversation.
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Crème fraîche
Au-dessus du lac de Gruyère, une giclée de crème fraîche, enfin, ravit les skieurs en herbe.
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..il a raison.
"La vie passe mais les photos restent!" dirait Chéri-Chérin et il a raison
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Divaguer
Ces poupées en polyester, blanches comme des merdes de laitiers, figées dans des poses convenues, racoleuses, car c’est bien de ça qu’il s’agit, racoler, me font penser, (je divague en attendant, rien d’autre à faire) à celles qui sont dans les églises et racolent elles aussi.
Celles des magazes veulent le code de nos cartes de crédit. Celles des églises notre soumission (avec en passant une petite pièce dans le tronc).
Et me voilà, (toujours divaguant) au pied de la statue d’un Staline, d’un Kim il Sung qui tend son bras vers l’horizon et semble dire : Va chercher, ramène… quelle différence entre une poupée en tenue affriolante, un Staline de huit mètres de haut et un corps souffrant sur une croix ?
Me faire adhérer à une idée, m’y soumettre… (tout en sachant qu’une statue une poupée, c’est fait avec du vide, l’idée du vide me plait, mais au même moment) :
-Ça me va ?
-Oui, vraiment !
-Non, dis-moi, honnêtement… ?
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reçu 5 sur 5
Je veux que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d'elle, et encore plus de mon jardin imparfait. Montaigne
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