le timide

31/07/2018

Fiche n°8. De loin, ou indirectement. « Le timide »… (ici au 75 mm, un petit téléobjectif)

Béchet, derechef : « (…) les casse-cous, les grandes-gueules et les machos accumulent les problèmes et les déconvenues : ils oublient que l’appareil photo est souvent perçu comme un outil intrusif et inquiétant… Certains street photographers célèbres ont donc développé des approches discrètes pour saisir de façon indirecte et détournée la vie urbaine. »  Est-ce seulement une question de timidité ? Chez certains, peut-être. Il existe une appréhension indubitable, difficile à lever, à oser franchir le cap et shooter des inconnus de face – que ce fucking mot est laid, « shooter ».

Plus pêcheur que chasseur d’image, suggérait Doisneau. « La photographie c’est la chasse, c’est la chasse sans l’envie de tuer, c’est la chasse des anges », Chris Marker dixit, me souffle l’ami Bernard Jolivalt. La prise indirecte : elle peut être aussi bien un parti pris esthétique, résultant d’une approche éminemment singulière ouvragée par des années de pratique solitaire, on songe par exemple à un Saul Leiter, qui se contrefoutait de la gloire, des courants : « Être ignoré est un privilège », disait-il. Difficile de savoir quels sont les  ressorts psychologique, derrière chacun. Il faudrait demander. L’auteur de ces lignes est lui-même timide, dans certains circonstances, face à  des inconnus, et jamais, il y a de ça seulement 6 ou 7 ans il n’aurait imaginé pouvoir photographier des passants dans la rue, sans rien leur demander, à un mètre de distance, ou moins, et de face. Et pas que des centenaires en fauteuil, n’est-ce pas.  Pourtant, le trac est toujours là. La photo sur le vif à ma préférence, « sur », mais aussi « dans le vif » en règle générale – soit de (très) près. Pas mal de mes collègues partagent cette approche. En règle générale… à condition qu’elle ne soit pas trop stricte, la règle.