Feiern wir zusammen

30/12/2015

Je suis partie à quinze ans, juste après l’école obligatoire. Mon père était très sévère, colérique. Si sa journée commençait avec un verre de vin, on devait s’attendre à ce qu’il devienne méchant. Par contre quand il réclamait du café plutôt que du vin on savait que le reste du temps se passerait plus ou moins bien. Il était constructeur de mur de pierres, ces très beaux murs qui chez nous se font sans ciment. Il buvait et fumait beaucoup. Le bout de ses doigts est tout jaunes. Il a abandonné ma mère très tôt pour aller vivre avec une autre femme dans le village mais ne voulait pas divorcer. Alors on a aidé ma mère, mes frères et sœurs et moi. J’étais soulagée qu’il parte, vous savez, les avants bras de ma maman étaient couverts de cicatrices. Quand il était très fâché il lui donnait des coups de couteau. J’ai ensuite travaillé dans une famille près de mon village où je devais m’occuper d’un jeune garçon handicapé. Je gagnais environ100 euros par mois et avais le dimanche après-midi de congé. Ça a été dur mais un jour j’ai appris qu’une famille portugaise installée en Suisse cherchait quelqu’un pour le ménage et c’est comme ça je suis partie. Mais là aussi c’était difficile. Mon salaire était de 300 francs et ces gens, qui pourtant venaient de près de chez moi, étaient très sévères. Mais plus tard, j’ai rencontré des personnes qui m’ont beaucoup aidée…. Après 25 ans de séparation, il voulait finalement divorcer de ma mère mais au moment de faire les papiers, il est retourné vivre chez elle. Peut-être parce qu’il était malade, ma mère a accepté. Après tout ce qu’il lui avait fait ! Pour moi ça a été incompréhensible. (...)