Fos-Sur-Mer, zone industrielle, Arcelor Mitall.

Je n’ai pas trouvé le temps aujourd’hui de vagabonder dans les rues de Marseille. Aussi et comme à mon habitude, d’une prudence discutable, le boitier est posé à mes côtés sur le siège passager. Au loin  j’aperçois ce groupe d’homme, dos courbé, tirant une fibre par laquelle transitera le pire et le meilleur. D’une main j’augmente la vitesse de prise de vue, je cadre vite à 50km/h.Ils m’ont évoqué ces forçats tirant bateaux et péniches avec une simple corde de halage.

Sur la route des Alpilles ce matin, je suis pour une fois passager. Rdv de travail. Mon ami tient le volant, nous voyons en même temps cet homme se protégeant du soleil derrière un drap de bain. Sur notre lancée nous le dépassons de quelques centaines de mètres. Intérieurement je me dis que seul j’aurais fait demi-tour pour fixer cet homme tranquille pour un moment ou pour l’éternité (juste une formule, faut pas pousser non plus…). Gentiment et sans que je lui demande mon ami fait demi-tour, prend un chemin de terre et à l’approche de la maison, coupe le moteur. Je sors de la voiture fait quelques mètres, doucement, doucement. Mon fantastique petit ricoh pré-réglé, je m’approche à pas de sioux, je cadre. Mohamed me voit, tire le drap de bain et me sourit. Je m’approche donc de lui, fnous échangeons une franche poignée de main, quelques mots. Mohamed est un de ces ouvriers agricoles dont la région exploite sans vergogne leur force de travail. Trente ans en France, dos courbé, bras levés à ramasser asperges, pêches, abricots, fraises. Ma photographie en…e et emmerde les racistes.