je cours, donc je suis

23/04/2020

Dans son excellent livre « Street Photography, Le savoir-faire du photographe de rue » paru chez Dunod, le photographe David Gibson rapporte un entretien qu’avait eu un de ses confrères, Bill Jay, avec un grand violoniste à propos de l’obsession éprouvée par le passionné à l’endroit de son art. « Le musicien racontait qu’il lisait des partitions au petit-déjeuner, qu’il composait de la musique le matin, réfléchissait à la musique pendant sa balade digestive, s’entraînait au violon l’après-midi, se produisait en concert le soir, retrouvait des amis musiciens pour jouer, puis allait se coucher et rêvait de violon. Lorsqu’on lui demandait s’il ne s’agissait pas d’une vie étriquée, le violoniste répondait : « Oui, au début ma vie se resserrait de plus en plus. Et puis une chose formidable s’est produite. Comme si ma musique passait dans le goulot étroit d’un sablier et devenait de plus en plus large. Désormais, ma musique est reliée à tous les aspects de ma vie. » Ces mots entrent en résonance directe avec l’auteur de cette image du jour, qui fut naguère accro à la course à pied et est aujourd’hui photographe chronique, ou chroniqueur par l’image, si on préfère, de ce que le monde lui donne à voir…