la fatigue

08/09/2020

Dans son «Histoire de la fatigue», l’historien Georges Vigarello retrace l’évolution de la lassitude, et son passage du physique au mental, jusqu’à nos jours. Ce sentiment d’épuisement a été renforcé par la pandémie de Covid-19, en particulier pour les travailleurs, dont la situation a longtemps été invisibilisée. Le soleil vient à peine de quitter nos peaux. Pourtant, nul ne semble échapper à un sentiment d’épuisement, accentué par un quotidien sous le signe du Covid. Comme si les injonctions sanitaires venaient finir d’éreinter une société au bord du burn-out généralisé. Au burn-out de l’employé déconsidéré s’ajoutent aujourd’hui ceux des parents, des enfants, de l’amoureux… Comment la fatigue est-elle devenue cette compagne familière jusqu’à s’affirmer comme «une manière d’être de notre temps» ? Dans Histoire de la fatigue (Seuil), une somme aussi érudite que passionnante, l’historien retrace cette extension du domaine de la lassitude, du Moyen Age à nos jours. Avec un renversement majeur : ce n’est plus la fatigue physique qui vient envahir le mental au point de le hanter mais la fatigue psychique qui vient envahir le physique au point de le briser. La fatigue est devenue un mode d’être constant et banalisé dont le burn-out est l’actuel symbole.

https://www.liberation.fr/debats/2020/09/08/georges-vigarello-la-fatigue-est-devenue-un-mode-d-etre-constant-et-banalise_1798860