voyage 2/10
04/05/2020
Pierre Montant
Pierre Montant ne participe plus à unephotoparjour.ch
Images / Légendes / Favoris / Carte /N.B. : le 03 mai, Nicolas me propose très gentiment de publier 10 photos sur le thème du voyage. « Une photo par jour, à compter de ce jour, sans explication, en choisissant une image qui vous a marquée. » J’amende immédiatement le défi car si je le relève, j’écris un peu. Normal : Nicolas n’est pas sans savoir que je déteste le voyage, à l’instar du regretté Lévi-Strauss – et c’est bien une facétie de sa part que de me proposer de l’illustrer. Deuxième jour, seconde photo.
« Nous vivons une synchronisation de l’émotion, une mondialisation des affects. Au même moment, n’importe où sur la planète, chacun peut ressentir la même terreur, la même inquiétude pour l’avenir ou éprouver la même panique. C’est quand même incroyable ! Nous sommes passés de la standardisation des opinions – rendue possible grâce à la liberté de la presse – à la synchronisation des émotions. La communauté d’émotion domine désormais les communautés d’intérêt des classes sociales qui définissaient la gauche et la droite en politique, par exemple. Nos sociétés vivaient sur une communauté d’intérêt, elles vivent désormais un communisme des affects. » Paul Virilio
J’ignore si je suis dans la confusion la plus totale mais lorsque je vais sur Instagram notamment, et regarde défiler les photos du monde entier, à l’heure du tourisme de masse, vois les « like » et lis les commentaires, j’éprouve ce « communisme des affects ». Du voyage censé s’incarner à travers ces images scrollées, je ne retiens le plus souvent qu’une ribambelle évanescente de formes et de couleurs…
Entendu aujourd’hui, sur France Inter : « (…) les paysages traversés ont moins d’importance que le paysage intérieur. »
Fragment, façon Perec : Je me souviens d’un temps où ma sœur et moi vivions en HLM à Montélimar, avec ma mère. Je me souviens que nous jouions dans la chambre sur un bloc de polystyrène transformé en radeau. Je me souviens qu’on traversait l’Atlantique, dans la tempête. Comme si j’y étais : ce souvenir de voyage inaltéré, entre quatre murs, vaut largement celui de mes voyages réels.