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23/05/2020

Ma dernière coupe remonte à plus de deux mois et demi…Avec Nathalie nous avons un accord tacite établi depuis quelques années : elle fait comme elle veut mais il ne faut pas que cela se note; on m ‘a coupé les cheveux mais personne ne le saura…

Souvenirs traumatisants venus de l ‘enfance, quand aller chez le coiffeur était une punition : coupe en brosse garantie, jusqu’à mes huit ou neuf ans.Bien dégagé derrière les oreilles…Je vivais cela comme une humiliation et en sortais les larmes aux yeux…

Dans le salon officiait Monsieur Sauton qui, sous un aspect débonnaire, cachait une âme de psychopathe dont fut un jour victime mon copain Daniel.Celui-ci eut l ‘absurde idée de demander au Figaro  » une coupe à la Yul Brynner ».Il en sortit aussi lisse qu’une boule de billard et ne put, en prime, éviter une retentissante taloche paternelle…Nous apprîmes plus tard qu’il avait voulu dire « une coupe à la James Dean « .Erreur fatale qui plus tard eut le mérite de  mener Daniel sur le chemin de la cinéphilie…La bande de mômes du quartier tenta une cabale vengeresse aux cris de  » Sauton, tête de con! « hurlés en passant à toute vitesse devant le salon, mais la rebellion dura peu, vite réprimée par d ‘autres taloches paternelles…

Il m’en est resté ce rapport compliqué et suspicieux avec les coiffeurs, semblable à celui que j ‘entretiens avec les dentistes.

Nathalie, je vous adore.