Peut-être

05/12/2016

Après réflexion, me voilà encombré par cet abus de pouvoir, par cette intrusion dans une intimité que la photographie décuple, dans ce qui pourrait paraître une caricature des couples  trop longtemps restés ensemble, égarés sur une mer de silences, et qui n’auraient plus rien à se dire.

Mais voilà, l’homme est épinglé au moment où absorbé par ses réflexions, il reflue à l’intérieur de lui-même et laisse le vide envahir le restaurant. Une seconde après cette prise de vue, il pose son couteau délicatement sur la table, prend la main de sa femme et chuchote quelque chose d’inaudible qui la fait sourire. Peut-être.

Peut-être qu’il est ému par ce qu’elle vient de lui dire.

Peut-être qu’il apprécie, tout intérieurement, sans exaltation, ce moment partagé, et qu’il cherche les mots pour le dire à sa femme.

Peut-être.

Toujours est-il que la photographie est une grande menteuse, par omission.

 

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Lire : Monsieur Palomar de Calvino

Faire : de l’ordre dans les disques durs

Manger : un peu moins, un peu mieux

Aimer : sans modération le jour et la nuit

Payer : son tribut à ceux qui nous ont ouverts la voie – par un sourire

Décharger : ses cartes mémoires, son sac à dos avec le foutoir que les autres nous ont mis dedans

Rire : le plus possible, sans se moquer des autres, au pire un peu de soi-même.

Photographier : sans modérations