L
02/11/2021
Hommage à K. et à sa femme E.
Jamais sans L
J’adore ce portrait de M. fait il y a à peine une heure à la surface duquel j’entraperçois se superposer la nostalgie de l’enfance avec l’étonnement d’avoir traversé la vie d’un trait, si vite. Comme si en regardant en avant il voyait en arrière. Double mouvement intercepté avec le filet du capteur. Je me souvenais d’une photographie de Kertész où une main entre dans le cadre. Une main d’homme, de femme ? je ne sais plus. C’est à partir de ce souvenir flou que je pars à la recherche de l’image originale et en réalité, c’est une main d’homme, le photographe, qui enlace par l’épaule une femme, sa femme, (Elisabeth) qui fait face à l’appareil photographique avec un sourire contenu. C’est un autoportrait en couple où Kertész se penche sur sa femme et semble capable, par la parole murmurée, de lui suggérer l’intensité de son sourire. (Sourire juste en deçà de celui, un brin plus ironique, de Mona Lisa). Dans la photographie de Kertész, Elisabeth offre un sourire qui n’en est pas un mais l’est quand même. Elle est pile à mi-chemin. Comme l’est ici M. C’est un portrait à mi-chemin. Entre le dehors et le dedans, entre ce qui a été et ce qui est, entre le presque grand âge et l’enfance, cette enfance qui rôde encore au fond du regard. Mettre en mots c’est compliqué. N’est pas Geoff Dyer qui veut ! Ni d’ailleurs Kertész.