ni trop près, ni trop loin

22/03/2020

Je n’ose presque plus sortir mon appareil photo, chose rarissime. Cette photo a été prise à mon retour du boulot, avec le reflex. Crainte de la maréchaussée ? non, pas ça. Le cœur n’y est pas tout à fait, on se sentirait presque déplacé à en faire dans ces moments-là. Pourquoi ? parce que je me déplace, pour le travail, à l’heure où les médecins appellent au confinement total de la population. Être déplacé dans son déplacement. Le Conseil d’État a rejeté ce soir cette demande des syndicats de soignants. Confinés, mais autorisés à bosser. Là où je suis, travaille, il n’est de toute façon pas possible de ne pas aller. C’est une structure d’hébergement pour des réfugiés du droit d’asile, en situation précaire, qui abrite sous un même toit un autre profil de population, en grande précarité. Ces deux populations se côtoient, il y a près de 300 places : laisser ces gens livrés à eux-mêmes est bien sûr parfaitement inenvisageable. Mais les scrupules me rattrapent : je peux être aussi bien moi-même transmetteur du virus sans le savoir. Ne suis pas non plus malade : je pourrais l’être bientôt. On verra bien. En attendant, pas le choix, j’avance : ni trop près, ni trop loin.