Roger et moi

18/09/2020

Il arrive qu’on vous pose ces questions : quel cinéaste aimez-vous ? Quels films ? Quelle musique ? Quand on me demande au débotté : « quel photographe aimes-tu ? »,  je réponds quelque chose du genre : « Hé, je sais pas… ». Hormis deux ou trois tubulaires qui ne vont jurer que par le ciné des Buttes-Chaumont ou les blockbusters en collants, par le rock, le jazz, et encore, de telle période et pas d’une autre, la plupart du temps, du moins je l’espère, vous avez affaire à des gens susceptibles de vibrer tout autant avec Vivre sa vie ou Piège de Cristal, Vignette de Gary Peacock récemment disparu, ou Powermad du groupe Slaughterhouse. Toujours mieux un mur percé de plusieurs fenêtres que d’un seul vasistas. Revenons à la photo mon poto, puisque c’est mon credo, mon hobby. Ma passion (pas moins que la musique, je la pratique plus c’est tout). Qui donc citer, à brûle pourpoint ? Michel Vanden Eeckhoudt ? En haut de la pile, c’est sûr. Tiens, c’est une occasion de souligner que bien souvent ce sont des photographes en noir et blanc qui me touchent le plus. Mon contraire, en pratique, 99% du temps. Va comprendre. Mais mon influence majeure, en photo c’est lui. L’homme qui a gagné 20 majeurs sur le tournoi ATP : Roger. Idiot ? peut-être pas tant que ça, tant la photo dite « de rue » implique d’éléments similaires à ceux requis en tennis : la vista, le toucher de balle (en photo, ce qu’on appellerait avoir l’œil, et le sens de l’approche et du placement), mais aussi : l’appréciation des lignes, de la géométrie, l’endurance, la persévérance, la confiance – le respect d’autrui -, une concentration absolue, et, essentiel, un sens du relâchement, de l’abstraction, savoir s’abstraire de soi au moment important. C’est tout ça, Roger. Et Suisse pour bien faire, comme Une photo par jour ! Ma muse, pour le dire façon Lacan. Mais une nuance (de taille) tout de même : pas de compétition chez l’amateur d’images, et oublie vite les dollars. Clic !