Café éthiopien – mode d’emploi

15/08/2017

Quand le café éthiopien est préparé selon les usages– certains parlent même de rituel – un certain nombre d’accessoires sont requis :

D’abord de l’herbe coupée que l’on répand sur le sol. En Éthiopie, on peut en acheter dans la rue près des églises. Ici, c’est un morceau de moquette verte posée sur le sol qu’Elizabeth conserve pour cet usage. En effet, le café est offert aux esprits aussi – les Zars en amharique – qui d’habitude vivent dans la nature. On répand donc de l’herbe coupée par terre dans la maison pour qu’ils se sentent ainsi chez eux

Un brasero au charbon de bois sert d’abord à rôtir le café vert dans une petite rôtissoire équipée d’un manche et percée de trous. Puis à faire bouillir l’eau et, enfin, pour alimenter en braise l’encensoir en poterie blanche qui se trouve à côté. On est prudent avec l’encens qu’on achète. On redoute les maléfices

L’objet central est la tablette où sont posées les tasses. Il possède un tiroir pour les ranger. Ce coffret est accompagné d’un petit tabouret pour celle qui prépare le café. L’allure de celle-ci est toujours décente et agréable, la tête couverte du voile qu’on met aussi à l’Eglise. On éloigne les enfants susceptibles de déranger. A propos du nombre de tasses, il en en faut une de plus que le nombre de personnes. C’est comme l’assiette du pauvre, mais elle est ici c’est pour les Zars, les esprits.

En versant le café dans les tasses, la maîtresse de maison n’évite pas les éclaboussures. On dit que les Zars inférieurs y boivent et profitent de se nourrir aussi des pop-corn que la maladresse des convives fait tomber sur le sol.

Cette fois, des pops corn, y’en a pas

La femme fait bouillir l’eau dans le « jabana », la cafetière en terre vernie de noir qu’on voit à l’arrière-plan placée sur un support en paille tressé. Il a son importance : il faut en effet que le café repose après avoir atteint le point d’ébullition.

Mais avant d’en venir là, l’hôtesse aura tout d’abord fait torréfier le café vert sur le brasero dans une petite rôtissoire pourvue d’un manche. Elle conviera les invités à humer l’arôme du café fraîchement rôti. Elle parcourra même les chambres de la maison avec la rôtissoire pour imprégner chaque pièce du fumet.

Elle pilera ensuite les graines de café brunies dans un petit mortier et versera la poudre dans la cafetière avant de la remettre brièvement sur le feu avant de reposer le jabana sur son support.

Elle aura entre-temps sorti quelques braises de la chaufferette pour les placer dans l’encensoir où elle déposera des graine d’encens. La fragrance de cette fumée, rapporte-t-on, plaît aussi aux esprits.

Ainsi, autant que pour faire goûter à ses hôtes la délicatesse de l’arôme du breuvage fortifiant, la cérémonie du café veut aussi plaire aux Zars invisibles qui nous entourent, les amadouer et s’assurer leur bienveillance.