Jeanne et moi…

10/05/2024

Séance matinale, presque privée. Nous sommes trois dans la salle. La population s’intéresse davantage au grand bastringue  absurde qui bruisse autour du passage de la flamme olympique…

Automne 77. Dans une minuscule salle du quartier latin, j’attends, unique spectateur , ravi de la situation, ce moment magique où les lumières s’éteignent lentement…Je vais revoir Ascenseur pour l’échafaud et son obsédante musique de Miles Davis.Mais les lumières tardent à s’éteindre….Déjà impatient je sursaute lorsqu’une voix , derrière moi, venue d’une lucarne située au ras du plafond, m’interpelle :  » Monsieur, vous êtes seul dans la salle, si vous le souhaitez je vous invite à me rejoindre dans mon cagibi .Je suis le projectionniste… » Aubaine qui restera la meilleure séance de cinéma de ma vie. Plus tard, avec Antoine, ce bon génie, nous irons boire quelques bières et parlerons cinoche, Nouvelle Vague, réalisateurs et actrices.Et regretterons que dans ce Jules et Jim venu du hasard, seule manquait Jeanne Moreau…

Quelques années plus tard je la croiserai , Jeanne, dans une rue de Venise, en hiver, sous la neige , vêtue d’un vison blanc.Apparition fugace qui me fera, un instant,  croire en Dieu.

Jeanne et moi.Comme une chanson ironique et bobo de Vincent Delerm.