Le choc des Titans

30/04/2016

Cette soirée est une conjonction de prétextes Prétexte de se réunir pour éviter de dire, à chaque fois qu’on se croise par hasard dans la rue, il faudrait qu’on se voie à l’occasion. Prétexte de pendre la crémaillère. Pendre la crémaillère c’est faire savoir aux amis... à la famille : que la maison est finie, meublée, propre et qu’on va pouvoir faire la fête ensemble. Mais c’est aussi faire savoir à la maison qui nous abrite que de nouveaux locataires l’habitent. Les murs vont pouvoir ouvrir leurs oreilles et écouter de nouvelles histoires, et les portes danser sur leurs gonds (…) parce qu’une maison c’est vivant, c’est comme un cœur, un poumon, un ventre... Prétexte de partager, tout autant le désarroi dans lequel nous plonge le monde comme il va.... que de savourer ce qu’il nous offre... Est-ce que ça a un sens de faire la fête... en toute bonne conscience... pendant que d’autres sont face à des barbelés ? Mais faire la fête n’empêche pourtant pas d’agir, ni de cesser de s’interroger. Et je sais que parmi vous beaucoup s’engagent, à leur manière. Par le politique, le social, le culturel et.... par la fraternité ? J’espère ne pas plomber la soirée. Conjonctions de prétextes... Prétexte de me replonger dans un texte de Bouvier qui reprend un texte qui raconte - je ne l’ai pas retrouvé ce texte, je cite de mémoire, sans en rajouter - texte qui raconte, donc, comment en Amazonie les pirogues d’une expédition d’ethnologues sont prises dans des rapides. Le guide qui est aussi traducteur se noie. Et les voilà échoués sur une grève Ils sont aussitôt encerclés par des sauvages - c’est comme ça qu’on disait il y a encore un demi-siècle- aujourd’hui on dirait : des gens peu vêtus. Ils bandent leurs arcs. Les ethnologues sont désemparés. Comment s’entendre puisqu’on ne peut pas parler ? Au bout d’un moment, un des désemparés sort un... – là, j’ai un blanc je ne me souviens plus de ce que disait le texte – ou un gramophone ou un cassettophone .... et fait sortir du Mozart de la machine. Les gens peu vêtus posent leurs arcs et écoutent....  L’un d’eux sort une petite flûte et joue... Et pourtant nous ne sommes ni pris dans des rapides, ni échoués sur une grève, ni, pour certains d’entre nous, peu vêtus, mais cette anecdote est belle. Elle dit comme la musique rassemble. (…)