cerisiers
30/03/2017
Raccourcis et promenade en zigzag dans les bas-côtés de l’autoroute.
Toute cette histoire a commencé il y a bien longtemps.
On y va ! Haro sur l’obscurantisme, opposons-nous à la superstition, au pouvoir de l’église. Vive la science, l’encyclopédie. Vas-y Voltaire ! Apprends-nous à réfléchir. Les Lumières réchauffent enfin nos petits cœurs de vermisseaux, si longtemps soumis à l’empire de Dieu.
Qui voilà est moribond, la place est vacante, et entre-temps quelques mâles Alpha, rois dégénérés, empereurs, dictateurs et révolutionnaires sanguinaires vont s’asseoir sur son trône pour le bien de tous.
L’église fonce se recroqueviller dans ses bâtiments, comme un bernard l’ermite, cache son pognon, protège ses reliques et prie.
On décapite, transforme les palais en Musée, les nostalgiques ourdissent leur retour en va-et-vient et apprennent que rien ne dure, pas même l’acier des canons.
Alors, encore une fois, mais avec une vigueur nouvelle, on peut lire dans le Gai savoir, c’est cocasse, que Dieu est mort. Mais on n’a toujours pas trouvé son cadavre. Place nette pour des idéologies qui se tirent la bourre et qui vont s’affronter sur le dos de millions d’innocents.
Vient le plus jamais ça. On est copain maintenant. On va faire du business ensemble, ouvrir nos marchés, ça fera plus de clients, plus de profits et on pourra contrer les japonais et les américains et bientôt les chinois.
Puis débarque la fille d’un épicier et d’une couturière qui cache dans un gant de velours une main de fer. Elle prône la poigne, Margaret, pour préserver ce qu’il reste du confetti impérial.
De l’autre côté de la Manche, accouché par l’esprit des Lumières, le roi François décomplexe la France vis-à-vis de l’argent et de l’esprit d’entreprise en nommant Bernard – homme d’affaire, saltimbanque, escroc, séducteur et acteur – ministre. Tapie préfigurant d’ailleurs Donald.
La chatte, ce coup-là, ne reconnait plus ses petits. (Mais pas plus que ces jours passés où Valls se vend à Macron, suppôt du capitalisme, Macron d’ailleurs quatre fois moins fortuné que Mélenchon, le tribun qui est à gauche de la gauche).
Mais pas si vite. D’ailleurs, juste en passant, peut-on s’appeler Royal et être socialiste ?
Le moment le plus intéressant de toute cette Histoire tient sans doute dans cette petite phrase :
Casse-toi pauvre con !
On est le 23 février 2008. Sarko traine alors Dieu par la barbe et l’enterre définitivement.
Il désacralise ce qu’on pouvait imaginer être la fonction suprême. C’est pas un Président, il est juste aussi con que mon voisin du troisième proclame le concierge.
Un peu plus loin, ne me souviens plus vraiment quand :
Strauss-… ça veut dire autruche en allemand, nie avoir fait des cochonsettées avec une femme de ménage. Strauss bourré aux as, roulant en Porsche Panamera, prix catalogue 140’000 euros, défenseur ardent des valeurs de gauche, héritier de Mitterrand et de ses Lumières, s’empêtre, déçoit et finalement pose les plaques.
Alors complot par-ci, complot par-là ?
Oui disent les complotistes, non disent certains autres, on s’en fout complètement maugréent les désabusés. Qui d’ailleurs préparent la couche à Marine. Faire front, défendre le retour aux valeurs, défendre les lésés, les laissés pour compte, mais pas ceux de Calais qui sont dans nos rues maintenant et sous nos ponts et qui viennent nous manger notre pain, blanc.
Alors avec sa belle gueule de beau-fils idéal, planté dans du terreau stérile duquel il émerge, tout proche des parois du Grand Frais, épicier hard discounter où les employés sont les moins bien payés de toute la région, (et qui importe ses légumes de Pologne) qu’en penser ?
Comme dirait l’autre. Faut-il continuer de ramener le pouvoir de tous à celui d’un seul ?
Paradoxes, oxymores, contradictions, mensonges et faits alternatifs font de toutes ces histoires un mélange gazeux explosif.
Dans l’ombre de la lumière de Dieu – qui fait encore fleurir les cerisiers – gronde l’insurrection.