San Lorenzo de Tezonco
19° 19' 59.71" N – 99° 7' 14.35" O
25/03/2016
Il connaît sa fin, mais c’est pour beurre bien sûr. Il est le Christ, Jésus, fils de Dieu, mais il s’appelle Juan, Pablo ou Florentino. Florentino d’ailleurs que nous venons de rencontrer près de l’église. Nous nous saluons avec effusion. Ca remonte à quand ? Tu te souviens. Tu m’as photographié en… attend voir, en… 1982. J’ai été Christ trois fois, mais misère, je ne me souviens plus, non ça devait être en 1985. Un voisin lui souffle 1995. Peut-être. Envoie-moi les images que tu as faites à l’époque, je n’en ai pas. Elles ont été distribuées. Ne m’envoie rien d’autre, les autres processions je m’en fiche un peu.
Il est trop tard pour que je demande à Juan ce qu’il fait dans la vie, comment il se sent dans la peau de cette illustre figure encore célébrée avec ferveur 2000 ans après sa mort. Il m’offre un sourire plein de compassion, sourire qui va tourner vinaigre rapidement. Il fait très chaud, la croix pèse presque cent kilos et Juan ne me semble physiquement pas taillé pour trainer sa charge sur les cinq kilomètres du parcours.
Musique du Jésus de Mel Gibson à fond les baffles. Procès interminable, lamentations, coups de fouet, fait de chambre à air, pour que ça claque bien fort, sur le dos de Juan. La nouveauté c’est que quatre curetons s’immiscent dans la procession. Ils vont nous faire chanter, récupérer cette procession populaire, et nous rendre débiteurs de la souffrance infligée au fils de Dieu. Je devrais aller demander à celui qui nous culpabilise en débitant ses Ave Maria pourquoi il ne remplacerait pas un moment Juan qui en bave et pleure.
La suite, tout le monde la connaît…